Location courte durée coquine

Comme dans de nombreuses copropriétés les Administrateurs de Biens que nous sommes, sont de plus en plus confrontés à la location de courte durée de logements via une plateforme.
C’est dans ce contexte lors de l’arrivée à son bureau, que la gestionnaire du binôme que nous formions était attendue dans le hall d’accueil de la Régie, par une délégation de copropriétaires d’un immeuble implanté dans le 7iéme arrdt de LYON, pour lui expliquer que les occupants étaient excédés par le comportement de deux jeunes femmes légèrement vêtues, particulièrement actives et bruyantes, faisant des allers et venues dans les parties communes de l’immeuble, à toute heure du jour et de la nuit et ce en compagnie d’hommes, le plus souvent différents.
Avec ces premiers éléments portés à sa connaissance, ma collégue a immédiatement alerté le propriétaire du logement concerné, qui dans un premier temps a nié le fait de louer son appartement en courte durée, pour cause, en son temps le syndicat des copropriétaires s’était opposé à cette disposition.
A la suite d’un long échange sur le sujet, le propriétaire a fini par lui avouer qu’il louait bien son logement via une plateforme en précisant qu’il allait lui même mener une enquête, tout en rajoutant que depuis sa plus jeune enfance il rêvait d’intégrer les services de police. Fort de ces informations c’est ainsi que ce Monsieur s’est rendu sur les lieux et en l’absence de ses locataires s’est introduit discrétement dans le logement en prenant soin de photographier tout ce qui lui tombait sous la main, notamment des documents compromettants. On notera ici une violation de domicile contestable, mais toutefois pour une bonne cause….!
Quelques jours plus tard ce propriétaire conscient de la situation préoccupante, est revenu voir ma collégue gestionnaire et piéces à conviction en main ils ont pris l’initiative de se rendre, bras dessus, bras dessous, à la Brigade des Mœurs.
Cette affaire ayant été prise très au sérieux par leurs interlocuteurs, c’est grâce à l’attitude de ce copropriétaire, qu’un réseau de prostitution a pu être démantelé et que son appartement a été retiré de la plateforme de location de courte durée.

Par SYLVIANE D.

Local poubelles

J’aime descendre mes poubelles… On trouve de tout dans le local poubelles. Souvent les gens déposent à côté ou au-dessus d’une poubelle qui va rester ouverte, comme pour dire « servez-vous, c’est gratuit ! » ou « j’ai honte de jeter cette chose qui est encore en bon état, s’il vous plaît, donnez-lui une chance de servir à nouveau ! ».

On a tous beaucoup de difficultés à nous séparer de choses qui pourraient encore servir. On culpabilise en pensant à l’empreinte carbone, mais franchement, je n’ai pas de place pour tout conserver. Mon excuse : J’habite en centre-ville de Lille, un 45 m2 et la tentation est grande pour les achats ; Je suis entourée de commerces. Il faut donc régulièrement se séparer de choses qui n’ont pas encore eu le temps de souffrir de l’obsolescence programmée afin de pouvoir ramener de nouveaux objets futiles qui encombreront l’espace déjà réduit.

Il est difficile de donner. Je vois de suite le calcul qui s’opère dans la tête de celui qui finalement va refuser « je n’en ai pas besoin » ou « j’en ai plein à la maison »… En fait, mon objet n’a pas assez de valeur pour lui. Alors il rejoint les poubelles du sous-sol. J’y descends quand il n’y a plus de mouvements dans la résidence.

L’objet aura une 2iéme chance si on le dépose à la vue de tous. C’est le lieu de recyclage des grandes villes !
Oui, vous avez compris, c’est le local poubelles que le concierge s’évertue à conserver propre, ordonné.
L’affiche « ne pas déposer d’encombrants sous peine de poursuite » nous nargue. Je fais comme les autres résidents : je la regarde mais je dépose quand même des objets à côté !
Bien sûr, il faut s’assurer que le concierge ne traîne pas dans les parages !
Je connais son emploi du temps et je sais quels jours je peux descendre mes poubelles sans tomber sur lui.

J’ai honte, pourtant, de descendre mes poubelles. J’ai peur de croiser le regard dégoûté d’un voisin ou constater qu’il épluche ma poubelle sous tous les angles afin d’y déceler une part intime de mon être. Je ne veux pas non plus croiser le concierge et qu’il devine que je ne fais pas le tri sélectif !
J’imagine ses petits yeux qui scrutent le sol, et je prie pour que ma poubelle ne goutte pas !
Je l’ai tellement remplie, qu’elle est très lourde et odorante. Je me promets à chaque fois, d’être plus courageuse et de descendre plus régulièrement cette poubelle mais il m’est souvent arrivé de rebrousser chemin, car arrivant au bout du couloir, j’entendais l’ascenseur s’arrêter à mon étage !
Arriver sans avoir croisé qui que ce soit, est un challenge et là, commence enfin les festivités : ma poubelle déposée, je regarde tout autour ce qui pourrait m’intéresser : il y a des jouets, du linge, des meubles, des bouquins… Il faut faire vite, et pas le temps de regarder si l’objet est en parfait état. Je prends, je le rebazarderai si besoin !
L’épreuve de la remontée dans mon appartement est aussi un parcours du combattant mais je suis organisée et j’ai avec moi un sac de course qui me permet de cacher ce que je remonte.
Faudrait pas croiser l’ancien propriétaire de la babiole que j’ai récupérée !

Je me donne bonne conscience lors des étrennes : Quand j’offre un petit billet au concierge !
Mais en moi-même je lui reproche de trop bien entretenir le local poubelles, car parfois, il n’y a rien et je remonte bredouille. Il a gâché ma soirée !

Par HELENE M.

Avec le temps va tout s’en va

Dans les années 90, j’étais monteur-réparateur d’ascenseurs, et comme dans de nombreuses interventions j’ai vecu une histoire toute particuliére lors de l’installation dans une copropriété, d’un ascenseur positionné dans la montée d’escaliers d’un bel immeuble ancien Rue de Sèze dans le 6iéme Arrdt de Lyon. Me voila parti pour 30 jours de travaux, au cours desquels je fais la connaissance de M.P. un homme de 92 ans propriétaire du 6iéme et 7iéme étage, à l’origine de l’installation et du financement de cet ascenseur. Je découvre là au fil des jours un homme fort sympathique et drôle, qui me raconte que lorsqu’il a acquis ses 2 appartements il montait les marches quatre à quatre et qu’avec le temps qui passait il rencontrait des difficultés à monter marche par marche les 6 étages, l’appartement du 7ieme étage ayant été transmis à sa fille. Pendant la durée du chantier voyant ce monsieur de 92 ans descendre chaque jour, aller chercher son pain, son journal et relever sa boîte aux lettres, à la fin des travaux j’ai été particuliérement fiére et heureux de pouvoir mettre l’appareil à sa disposition. Mr P. ayant obtenu en son temps l’accord des copropriétaires de faire installer l’ascenseur tout en refusant de participer à son financement, aussi à la demande de M. P. j’ai été contraint de condamner les portes palières de l’ascenseur du 1er au 5ème étage et placer un digicode en cabine pour une utilisation privée, destinée exclusivement au commanditaire des travaux. C’est donc cette situation qui a permis au fil du temps, que les copropriétaires, étage par étage, ont pris conscience de l’intérêt de l’ascenseur et ont décidé de régler leur quote-part des travaux, dans le but que l’ascenseur desserve tous les étages.
C’est là une belle et vraie histoire qui démontre à qui veut bien l’entendre, que c’est cette personne d’un âge avancé qui, par sa surprenante volonté, a amené les copropriétaires à accepter ce nouveau confort, avec pour cerise sur le gâteau une plus-value significative apportée à leur immeuble.

Par José P.

Origine atypique d’un sinistre

J’ai toujours grand plaisir à raconter cette anecdote, vécue il y’a prés de 20 ans.
Un copropriétaire se plaignait d’une auréole sur le plafond du salon de son logement dans un immeuble haussmannien.
Des recherches de fuite avaient été engagées dans l’appartement de l’étage supérieur et après avoir sollicité 3 plombiers sans aucun résultat probant quant à l’origine, dans le cadre d’une expertise en recherche de responsabilité, une décision a été prise de déposer partiellement un magnifique parquet en point de Hongrie, sous l’œil avisé de l’expert.
Lors de la dépose du parquet, l’expert s’est accroupi car “le marin” dégageait une légère odeur d’ammoniaque à un endroit bien précis.
C’est ainsi que nous avons compris que l’origine du sinistre était tout simplement lié aux urines du magnifique Berger Malinois du voisin de l’appartement du dessus, qui marquait régulièrement son territoire dans la zone des plantes vertes du salon de son maître.
Dans ce sinistre, la relation de cause à effet particulièrement atypique, est apparue des plus surprenante.

Par Christophe D.

Moi, syndic ?

Je m’ouvris de mes difficultés à un personnage, que j’entretenais, de loin en loin, de mes tentatives. « Eh bien, me dit-il un jour, avec le ton que Napoléon devait employer avec ses soldats sur le pont d’Arcole, changez de syndic ! ».
Ah, c’était simple, vraiment ! Changer de syndic. En trouver un autre. Et où le trouver ? Cet organisme associatif pouvait peut-être m’aider ? Je pris donc rendez-vous auprès de la permanence juridique de l’association, un jeudi matin (encore une demi-journée de congé annuel consommée…). Plusieurs permanenciers recevaient, dans de petits bureaux à peine isolés, des copropriétaires qui composaient tout l’arc-en-ciel, toutes les nuances, toute la palette du désarroi. Certains portaient avec peine un épais dossier dont s’échappaient factures et lettres recommandées. D’autres se présentaient timidement, verbeusement, confusément, profusément, à tel point qu’il était difficile de deviner par quel bout l’on pouvait commencer à remonter le fil du problème qu’ils étaient venus raconter. D’autres encore, en habitués, décrivaient avec concision la difficulté à laquelle ils étaient confrontés. Le ou la permanencier(e) écoutait, prenait des notes, consultait des classeurs de textes juridiques, de documents de jurisprudence, d’articles de revues spécialisées, et délivrait son oracle. J’attendis mon tour. Au bout de peu de temps, je fus reçue par un juriste d’une quarantaine d’années, aux cheveux précocement blancs, nommé Mr L..
Quand je lui expliquai la raison de ma visite (« Euh… Je cherche les coordonnées d’un bon syndic »), une franche hilarité se peignit sur son visage. « Chère Madame…. ». En proie au fou-rire, Mr L. ne parvenait pas à reprendre son sérieux. Toute la matinée, il recevait des copropriétaires anxieux, tremblants, exaspérés, maladroits, révoltés, victimes d’agissements léonins, illégaux, hors de prix, ou marqués simplement par la mauvaise qualité du service rendu, de la part du syndic A, du syndic B, et ainsi de suite jusqu’à la fin de l’alphabet. Les bons syndics étaient rares. La plupart d’entre eux faisaient « rentrer » le maximum de copropriétés dans leur portefeuille et, évidemment, n’avaient pas le temps de s’occuper correctement d’autant d’immeubles. Evidemment. Ils se penchaient, un peu, sur celles où le conseil syndical gigotait. Réparer, mettre les fournisseurs en concurrence, rechercher l’efficacité énergétique, régler les problèmes d’eau ? « Mais, Madame, ils n’ont pas le temps ! Ça prend un temps fou, ces petites choses ! » Il riait, Mr L., et de bon cœur, devant mon ingénuité.
Quand il eut recouvré son calme, il fit pivoter son fauteuil pour prendre un dossier derrière lui et, sans me regarder, me dit :
– Et pourquoi ne deviendriez-vous pas syndic bénévole ? Votre immeuble compte 22 lots. Ce n’est pas la mort d’un homme. Encore moins d’une femme », ajouta-t-il en faisant de nouveau pivoter son fauteuil.
Il me regardait, sérieux et gentil, comme un dentiste qui s’apprête à extraire une dent douloureuse.
-D’après ce que vous me dites, vous consacrez plus de temps à essayer de forcer le syndic à faire des choses qu’à les faire vous-même. Et vous êtes quand même obligée de les faire, ces choses, parce que lui ne les fait pas, ne veut pas les faire, ne les fera jamais. Et en plus, il vous parle mal, si j’en juge par les courriels que vous venez de me montrer (je lui avais en effet apporté quelques échanges récents, où le ton du syndic, de rogue, était devenu franchement déplaisant).
– Mais je n’y connais rien ! bredouillai-je. Je ne sais pas tenir une comptabilité, je ne saurais pas comment contraindre un copropriétaire mauvais payeur à acquitter sa part de charges, je ne suis pas juriste, je ne suis pas chauffagiste…
-Nous sommes là pour vous aider, objecta-t-il. Personne n’est omniscient. Le plus délicat, c’est de se lancer. Ensuite, vous verrez – il dessinait avec ses mains un mouvement de roulis -, ça se met en place, ça s’installe dans les habitudes. Vous avez un conseil syndical qui vous soutient, je crois. C’est une condition essentielle. Le travail en lui-même n’est pas d’une complexité folle. Vous le faites déjà.
Moi, syndic ?
J’avais le mal de mer.
-Moi, syndic ? articulai-je faiblement.
-Vous.
-Mais… on a le droit, légalement ?
– Très bonne question. Article 28 du décret n°67-223 du 17 mars 1967 pris pour l’application de la loi n° 65-557 du 10 juillet 1965 fixant le statut de la copropriété des immeubles bâtis. Modifié par le décret n°2004-479 du 27 mai 2004 en son article 17, paru au Journal officiel de la République française du 4 juin 2004 (il récitait à voix haute). Ouvrez les guillemets : « … les fonctions de syndic peuvent être assumées par toute personne physique ou morale. » Vous pouvez parfaitement être le syndic bénévole de votre copropriété, si vous le décidez et si les copropriétaires vous élisent. Car il faut un vote en AG, bien sûr. »
Je ne sais plus comment se termina ce premier entretien. Je crois bien que j’invitai, ou plutôt que je demandai, à Mr L. de bien vouloir venir prendre un café avec moi, car j’étais en état de choc.

Florence C

Par Contributeur D.

La gardienne habite au 7iéme

Les hommes en noir quittaient la loge. L’exiguïté des lieux aidant, ils avaient dû hisser la bière à la verticale, à la façon d’un mât de bateau, pour la faire passer par la nasse de la porte. Pas très orthodoxe, mais à la guerre comme à la guerre ! Mortel, ce petit couloir étriqué, se terminant en un sévère coude qui ne transigeait pas avec le respect dû à une défunte… Durant un temps, les employés des pompes funèbres avaient pensé sortir le cercueil par la fenêtre, mais l’échafaudage du ravalement dressé tels les barreaux d’une prison, avait rapidement tué cette idée. Assurément, cela aurait pu être une belle sortie pour la brave A…., qui tous les matins, dès que le jour pointait dans le ciel, y agitait son chiffon à la façon d’un oriflamme, comme si la copropriété attendait ce signal pour s’ouvrir de nouveau à la vie. La native de Lisbonne avait échoué à Paris, au seuil de sa trentaine ; comme elle le disait avec une pointe d’accent : « j’ai quitté le Tage pour six étages ! » Chacun des résidents récompensait d’un sourire sa plaisanterie préférée, même si elle avait tendance à en abuser ; A mettait tellement d’énergie et de joie de vivre dans la « copropriété des O… » qu’ils lui pardonnaient son humour un peu lourd, à l’instar de sa démarche devenue moins assurée avec l’âge. Elle était l’âme des « O… ». Nul habitant n’avait le souvenir d’avoir connu d’autre officiante dans la loge. Elle était la vestale de la résidence, la préservant bec et ongle des fâcheux de tous poils tentant de s’attaquer à sa quiétude – certains matous et autres durs à la petite semaine se souvenaient encore avec émotion, de son coup de balai qui, s’il savait rendre étincelante la propreté des parties communes, était tout aussi habile à chasser les importuns. Pour A…, poussière et enquiquineurs : même combat ! La lutte d’une vie ! Les occupants des quatorze appartements étaient sa famille ! Elle les aimait comme le mari qui l’avait quittée… il y a cinq ans déjà, emporté par un cancer du poumon, et les enfants qu’elle n’avait connus qu’en rêve ! C’était cela, A…, un cœur en or et sur la main, et une gentillesse qui n’était battue en brèche que par son affection affirmée pour la cuisine Lisboète dont elle se faisait un plaisir à régaler sa petite « tribu », le jour de la « fête des voisins »…
Mais ce matin de mars, la grande timonière des O… n’était plus et sortait de l’écrin de sa loge par la petite porte, debout dans sa caisse de sapin. Sitôt le seuil franchi, les deux employés des pompes funèbres redonnèrent à feu la concierge, une position horizontale. Puis le petit cortège funèbre s’engagea dans la cour où, regroupés dans leur chagrin, les copropriétaires rendaient un dernier hommage à celle qui avait su, vingt-cinq ans durant, insuffler la douceur qui baignait la résidence en y incarnant la gentillesse personnifiée. Au même moment, une couronne d’oiseaux se forma au-dessus d’eux, comme pour accueillir la belle âme qui n’allait pas tarder à rejoindre les cieux.
Un mois et demi et trois corps d’état plus tard, l’immeuble comptait une famille de plus. La foncière possédant l’immeuble avait eu la riche idée de transformer la loge en un appartement supplémentaire ; les électriciens, les peintres et les plombiers avaient transformé l’antique repaire de la gardienne en un deux-pièces qui avait rapidement trouvé acquéreur. Dans le 15e arrondissement, à quelques encablures de la Seine, les logements partaient comme des petits pains ! Les administrateurs s’étaient frottés les mains, le toilettage de l’ensemble ne constituant qu’une goutte d’eau du beau bénéfice retiré. Les « anciens » des « O… » n’avaient pas vu d’un mauvais œil ce changement ; les nouveaux venus étaient discrets et ne mettaient pas à mal la quiétude de la copropriété. Deux mois après leur installation, très peu avaient eu l’occasion d’entrevoir le couple qui y avait élu domicile, et encore plus rares étaient ceux qui avaient pu s’entretenir avec eux ou échanger avec la jeune femme, laquelle, à moins d’être une mangeuse compulsive, semblait porter la promesse, qu’un jour prochain, un « oisillon » éclorait dans l’ancienne loge d’A…. Un autre événement passa pratiquement inaperçu : le local du dernier étage, sous les toits, ancienne remise servant de réserve à la gardienne pour les produits d’entretien, avait été aménagée en un logement ; décrit comme « studio coquet » dans l’annonce, en d’autres temps on l’aurait qualifié plus prosaïquement de « chambre de bonne »… Une jeune étudiante en mathématiques, V…, originaire de Bulgarie, en était devenue locataire.
En dehors de ces nouveaux arrivants, on ne peut plus opposés dans la mesure où ils étaient localisés aux deux points les plus extrêmes de l’immeuble, rien de notable à signaler. Le calme régnait toujours en maître dans les étages, rien n’avait changé… Une chose toutefois : on n’entendait plus le grand rire d’A… à la porte de sa loge, avec toujours une attention aimable ou une bonne histoire à raconter en guise de mot d’accueil aux « drôles d’oiseaux » (c’est le petit nom qu’elle avait donné aux résidents !) qui regagnaient leur « nid » ; le soir, à l’issue d’une journée de labeur, c’était devenu une sorte de petit rituel, la gardienne distribuait à chaque nouveau « rentrant » un petit mot gentil, lequel en profitait pour discuter quelques minutes, et le suivant qui revenait du travail se joignait alors à eux. Depuis son départ pour d’autres cieux, ces moments où l’on parlait de tout et de ces petits riens qui font la convivialité, avaient disparu, et dès lors, une fois la porte d’immeuble franchie, chacun rejoignait son logement pour se calfeutrer dans son petit quant-à-soi égoïste. À part cela, la résidence était bien entretenue, il n’y avait rien à redire. Le nettoyage des parties communes était à présent assuré, aux aurores, par la société spécialisée « A… H… », deux fois la semaine ; les résidents matinaux auraient bien été incapables de reconnaître les employés revêtus d’une combinaison et d’un masque d’une blancheur clinique, lesquels d’ailleurs n’étaient jamais les mêmes. Un esprit chagrin aurait pu faire remarquer que les cuivres de la porte d’entrée étaient moins rutilants, que l’escalier n’était plus parfumé, que les pots à chaque étage avaient troqué leur bouquet contre des parapluies – A… mettait un point d’honneur à ramener des fleurs du marché dont elle décorait l’escalier comme si c’était sien. Un Sherlock Holmes en herbe aurait pu également remarquer que, progressivement, des araignées s’étaient infiltrées pour y monter une filature clandestine dans quelques encoignures reculées, et que des chats indisciplinés en profitaient désormais pour doter la cour d’entrée de moulages artisanaux qui restaient exposés plusieurs jours avant que les « A… H… » n’accomplissent leur numéro de magiciens de la propreté. Mais à part cela, tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. « Les Oiseaux » étaient calmes… dramatiquement calmes pour « Mémé B… ; avec le départ d’A…, la vieille dame du 4e avait perdu sa meilleure partenaire de discussion, et une fois la semaine, la folle partie de rami, en fin de soirée, qui se terminait invariablement par un petit verre de porto dont A… lui ramenait chaque rentrée de septembre, deux bouteilles du pays, après un séjour estival chez les siens ; en échange, la nonagénaire concoctait un gâteau de sa Bretagne natale. Chacune oubliait alors, l’espace de deux heures, quelques fois plus, son veuvage et son cortège de fantômes qui les hantaient la nuit venue. Dorénavant, Mémé B… devait se rendre à la pharmacie y faire le plein du traitement auquel son médecin l’avait abonné ; auparavant, A… lui rendait ce petit service, qui donnait toujours lieu à un petit verre et l’occasion de retrouver, chez l’autre, un semblant de famille. La Lisboète lui faisait également ses courses. Depuis, la retraitée du 4e se faisait livrer moyennant un supplément ; le petit apprenti était bien gentil, mais une fois l’argent récupéré, il filait vers une autre cliente ; elle savait à peine comment il se prénommait, au bout de trois mois de bons et loyaux services. Et puis un jour, en revenant de porter sa commande chez l’épicier, Mémé B… tomba dans l’escalier. Comme les nettoyeurs « A… H… » étaient intervenus la veille – ne repassant que dans trois jours – et qu’on se trouvait en plein « pont » de l’Ascension, que d’aucuns transformaient en « viaduc », la résidence était vide… La vieille dame resta sur le carreau dix heures durant à se morfondre de douleurs autant que d’angoisses, croyant sa dernière heure arrivée… Elle en était à son cinq millième Ave Maria récité dans sa tête, lorsqu’un petit miracle se produisit… Soudain, un bruit retentit des profondeurs. Mémé B… reprit espoir. Et en cherchant à se redresser, arracha à ses entrailles un cri de douleur qui fit écho dans tout l’escalier. Des bruits résonnèrent ; on montait les marches ! Subitement, la vieille dame vira à la couleur du marbre de l’entrée. Et si on venait pour la violenter ? Lui faire du mal !… Ou pire encore… On en entendait tellement sur les chaînes d’info – son unique famille : pratiquement les seules voix qu’elle entendait ; parfois, la vieille dame parlait à l’écran, feignant de croire que la journaliste, en face d’elle, dans la petite lucarne, lui « répondait »… Les pas de l’inconnu(e) dans l’escalier se précisaient. Ils étaient tellement sonores que la vieille dame se demanda s’ils n’étaient pas deux ? Une bande ? Venue pour… lui faire son affaire !
– Ma pauvre ! Surtout ne bougez pas. Vous risqueriez d’aggraver la situation.
V… composa sur son portable le numéro des pompiers. Cinq minutes plus tard, elle était assise dans l’ambulance, à côté de Mémé B…, comme elle l’aurait fait avec sa grand-mère restée en Bulgarie, et qui lui ressemblait un peu. Un mois et demi durant, l’étudiante étrangère, dès qu’elle avait un moment disponible, rendit visite à Mémé B… à l’hôpital ; ce furent ses seules visites. La nonagénaire lui parla – elle n’avait personne d’autre… – et bientôt, elle s’attacha à elle comme si celle-ci avait été sa petite fille – elle n’avait pas revue depuis quatre ans la sienne exilée dans un ranch, au Mexique. De simple visite de quelqu’un venant prendre de ses nouvelles, Mémé B… finit par guetter ses venues comme on le fait envers quelqu’un auquel un attachement vous lie ; de son côté, V… aimait bien sa « mamie française » ! Au bout d’une semaine, la retraitée lui confia ses clés, et l’étudiante, en plus des visites quasi-quotidiennes à la malade, de ses cours, de ses devoirs à rendre, de ses travaux en sous-groupe, de ses examens et d’un semblant de jogging devenu une peau de chagrin parmi son emploi du temps, passa deux fois la semaine dans l’appartement de la nonagénaire arroser ses fleurs.
Un jour, en sortant de chez elle, V… aperçut, son voisin du dessous en train de descendre sa poubelle. Le vieux monsieur marchant sur son lacet trébucha lourdement et son sac se répandit au sol. Une cinquantaine de boites de conserve formèrent bientôt un tapis ferblanté. Malgré l’heure de son amphi qui approchait, V… se baissa pour l’aider.
– Ne vous occupez pas d’un vieux maladroit, sourit-il sous une petite moustache blanche un peu ridicule, à la façon d’une tâche de lait qu’il aurait omis d’essuyer à l’issue de son petit-déjeuner.
– Je vous en prie. On est voisins, quand même ! Mais pourquoi toutes ces conserves ?
– J’ai du mal à me déplacer et n’arrive plus à aller aux halles pour des légumes et des fruits frais… Pourtant j’aimais ça, j’étais cuisinier, un bon… dit-il nostalgique. Alors, je me fais livrer des boîtes…
Le lendemain, avant d’aller en cours, V… se leva plus tôt et se rendit au marché. Vu l’heure matinale, elle n’osa pas sonner et déposa un cageot empli de belles tomates, de courgettes, de poivrons et de poires devant la porte de l’ancien maitre-queue. Le soir même, C… la guetta ; comme il ne savait pas à quelle heure la jeune fille rentrerait, il s’installa devant sa porte sur un pliant de camping et sacrifia à son péché mignon des mots-croisés pour tuer le temps.
– Vous voilà ! Cela fait longtemps qu’une femme ne m’avait pas fait attendre ! la taquina-t-il.
– Excusez-moi, répondit V…, surpris de trouver son voisin sur le palier, qui plus est endimanché ; elle ne l’avait aperçu que dans une antique robe de chambre. Vous vouliez me dire quelque chose ?
– Un grand Merci !!! dit-il en l’agrippant de force et en lui appliquant deux baisers sur les joues.
– Ce n’est rien, je vous assure.
– Il faut me dire combien je vous dois ?
– Je ne me souviens pas, mentit-elle. Je vous l’offre.
– Eh quoi encore ? Pour que tout l’immeuble croit que je me fais entretenir ! D’autant que comme vous me semblez venir de l’étranger, vous ne devez pas être très argentée !
– J’ai une petite bourse d’études, avoua-t-elle. Je dois faire attention… mais ça va.
– Allez, pas d’histoire. Venez à l’intérieur, je vais vous régler.
V… avança. À peine eut-elle pénétré dans l’antre du vieux cuisinier que celui-ci ferma la porte à clef ! L’étudiante le regarda inquiet. Dévoilant un charmant sourire, il la rassura et l’invita à passer dans la pièce principale. Eblouie, V… y découvrit une table dressée avec une nappe blanche sur laquelle étaient disposés de belles assiettes et des couverts aux tons argentés – à défaut de l’être. V… se régala. L’ancien cuistot avait mis les petits plats dans les grands pour concocter le meilleur dîner auquel la jeune femme ait jamais goûté. Leur tête-à-tête dura trois longues heures. C… lui narra ses années passées à œuvrer dans quelques-unes des meilleures tables de la capitale ; ensuite, une pointe de nostalgie dans la voix, V… raconta sa Bulgarie natale qui lui manquait… et où elle ne revenait qu’une fois l’an, n’ayant pas les fonds pour financer plus de dépenses de transport. Au moment de se quitter, C… lui avoua qu’il avait fermé à clef derrière elle, de peur qu’elle refuse de rester dîner !
Lorsqu’elle revint de l’hôpital, pour remercier V…, Mémé B… l’invita à dîner. Décidément, la jeune Bulgare ne connaissait guère de temps mort après l’université et avait un planning de soirées presque aussi rempli que le carnet de bal d’une princesse ! Mais elle s’arrangea, utilisa tous ses temps morts. Pour elle, il était aussi important d’honorer les invitations de ses gentils voisins que de partager du temps avec ce qui commençait à constituer une sorte de « famille de substitution ». La deuxième fois qu’elle retourna chez Mémé B…, c’est elle qui fit la cuisine, elle y tenait. Elle lui fit découvrir le tarator (soupe froide traditionnelle) et des poivrons farcis. La vieille dame était aux anges. Et demanda à V… de lui faire le plaisir d’un autre dîner. La jeune Bulgare accepta. Après avoir fait mijoté son frichti la veille, entre un devoir à rendre et un partiel à préparer, elle descendit avec ses gamelles chez sa nouvelle amie. En ouvrant, elle eut la surprise d’y découvrir également C… ! Le matin, la vieille dame arrêtée dans l’escalier pour ralentir son cœur capricieux, y avait croisé le cuisinier qui descendait, également en proie à la fatigue dès qu’il faisait des efforts. Et de fil en aiguille, l’une dit « heureusement que la jeune locataire du septième m’aide à faire les courses » qui trouva en écho « ah bon ? Moi, elle m’apporte des légumes du marché ! ». Avant de conclure de concert, dans un beau duo à la synchronicité parfaite : « C’est une perle, V… ! ». La vieille dame avait alors proposé à C… de se joindre à eux, le soir-même. Pour la seconde fois depuis longtemps, l’ancien cuistot avait revêtu son habit de fête après avoir pris soin d’enlever les boules de naphtalines des poches. En l’apercevant, V…, eut un moment de surprise, un sourire, puis la stupeur s’empara d’elle lorsqu’elle comprit que Mémé B…, dans le plus grand secret, l’avait invité à partager leur dîner.
– Mais je n’ai préparé que pour deux… s’excusa l’étudiante.
– Quand il y a en a pour deux, il y en a pour trois… c’est bien connu ! s’esclaffa le vieux bonhomme. Pas besoin de faire des études pour savoir cela !
– Je ne peux pas cuisiner pour quelqu’un dont c’était le métier ! tenta V… en ultime argument.
– Cela a intérêt d’être à la hauteur ! s’amusa C… qui rappela son grand-père à l’étudiante : même sourire, malice identique dans le regard.
Une heure plus tard, V… concluait ses spécialités bulgares par du rakya (eau de vie que son père fabriquait au pays). Avant de lui décerner « un 10 sur 10 pour l’ensemble de son œuvre culinaire », l’ancien cuisinier demanda de bisser la boisson alcoolisée (« C’est un petit verre… on n’a pas le temps de sentir le goût du fruit… » justifia-t-il, la prunelle en feu). Les trois nouveaux amis prirent l’habitude de se réunir une à deux fois le mois, chez l’un ou chez l’autre des résidents « historiques » des « Oiseaux » ; la chambre de V…. était trop petite pour faire l’affaire.
Un autre jour, V… aperçut une femme en pleurs près des boites à lettres. Elle la réconforta. Apprenant qu’un colis très important arriverait le lendemain et que la résidente était désespérée car elle avait un rendez-vous en province, la jeune Bulgare lui proposa de s’en charger à sa place.
Un soir, V… entendit toquer à sa porte. Personne ne venait jamais la voir et les travaux dirigés de la faculté se déroulaient toujours chez une de ses camarades disposant de plus de place. C’était la voisine de palier et amie de la locataire pour laquelle l’étudiante avait réceptionné le paquet. Elle venait demander à V… si elle pourrait donner des cours de soutien à son fils aussi hermétique aux mathématiques qu’un séminariste aux joies de la chair… moyennant rémunération, bien entendu !
Les jours passant, il n’eut bientôt plus aucun occupant de l’immeuble pour lequel V… n’ait pas, d’une façon ou d’une autre, rendu quelque service, à titre gracieux, la plupart du temps.
Le 14 février, elle permit au jeune couple du rez-de-chaussée habitant l’ancien repaire de la gardienne, de passer une soirée en amoureux, en s’occupant de la garde de leur bébé.
Et pour la Fête des Voisins » – contrairement à l’édition précédente où avec la défection d’A…, « Les Oiseaux » avaient brillé par leur absence à ce rendez-vous annuel de la convivialité –, V… proposa de préparer des spécialités bulgares aidé par l’ancien chef cuisinier devenu, pour l’occasion, son « arpète » de luxe. Grâce à cette initiative, après autant de mois à s’ignorer les uns les autres que l’ancienne gardienne avait rejoint sa dernière demeure, les résidents retrouvèrent le plaisir d’être ensemble ; pas qu’ils ne s’aimaient plus, mais pris dans la routine de l’existence et A…, la « grande animatrice » n’officiant plus, chacun avait laissé l’égoïsme reprendre le dessus, ne pensant le soir venu qu’à retrouver le confort de sa petite vie. Ils se redécouvrirent, et les jours suivants se reparlèrent.
Un soir, une petite délégation se rendit au dernier étage. Entendant frapper à sa porte, V… enfila un gilet en vitesse. Qui pouvait venir la voir ? Elle pensa aussitôt à C… ou Mémé B…. Peut-être l’un d’eux était malade et avait besoin d’elle ! Elle avait son partiel à préparer, mais tant pis, elle irait à la pharmacie de garde ! Elle dormirait moins cette nuit… en espérant que le sujet du demain tomberait sur un chapitre qu’elle aurait révisé ! Effectivement, c’était Mémé B… mais aussi C… qu’elle aperçut ensuite… et également tout un tas de personnes ! Jamais le petit couloir n’avait connu autant de monde à la fois ! Que lui voulait-on ?… Et soudain, elle comprit ! Elle apprenait mieux en marchant, y compris à une heure avancée de la nuit. Elle devait les déranger, et ils étaient venus en délégation lui intimer de partir ! Qu’allait-elle devenir ? Elle était à un mois de l’examen final !…
– Je suis désolée, s’excusa-t-elle. Promis, je ne le referai pas. Je…
– Au contraire, nous voulons que vous continuez ! s’emporta C…, rouge comme une tomate.
Et avant qu’elle comprenne, tout le monde l’entoura et Mémé B… lui tendit une enveloppe.
– C’est de la part de tous !
Interdite, V… ouvrit et découvrit une petite liasse de billets !
– Ce n’est pas grand-chose, mais cela devrait vous permettre d’aller cet été en Bulgarie, dans votre famille. On s’est tous cotisés. Avec ce que vous faites pour chacun d’entre nous, c’est bien normal !
– Je suis désolé… je ne peux pas vous faire entrer tous pour vous offrir un peu de rakya !
– Il est bon pourtant ! s’exclama C… sous le regard courroucé de Mémé B….
– Vous ne tiendriez pas en totalité… et en plus, je n’ai que trois verres, dont un ébréché…
De ce jour, les résidents prirent l’habitude de se retrouver pour un grand repas chez l’un, chez l’autre, chaque bimestre ; certains apportaient des plats, d’autres la boisson, des chaises, des couverts. Lorsque l’appartement était trop petit, on laissait les portes ouvertes des appartements se faisant face et on installait aussi une table sur le pallier ! Ces soirs là étaient réservés aux « drôles d’oiseaux » et pas question de les déranger ; on prenait soin de fermer à double tour la porte d’entrée en bas.
Émue de leur gentillesse, V… chercha encore plus à rendre service aux personnes seules, malades, aux plus âgées, aux jeunes couples ayant besoin d’une baby-sitter pour leur permettre, l’espace d’une soirée, de retrouver un peu d’intimité dans un petit restaurant ou une séance de cinéma. Bien qu’elle commença par refuser, les résidents lui donnèrent un peu d’argent pour son rôle de « gardienne des oiseaux ». Ils avaient trouvé une perle… et elle, une seconde famille !
Remuée au plus profond d’elle-même, elle réfléchit comment remercier tous les résidents de leur générosité. Au cours d’un dîner mensuel, elle leur fit part de résolutions, lesquelles furent votées à l’unanimité ! Parmi celles-ci, la création d’une AGE trimestrielle : ces Assemblées Générales d’Entraide étaient destinées à repérer les résidents qui se trouvaient confrontés à des contraintes ou besoins et à envisager, en miroir, comment leurs voisins pourraient les aider ; cela pouvait aller du lycéen du second qui avait besoin d’être remis en selle en géométrie, au petit couple du troisième désireux d’installer des étagères dans un mur en béton et ne disposant pas d’une percussion à sa perceuse, ou d’une personne alitée qui avait besoin que quelqu’un lui apporte courses et médicaments. Des Indics de copropriété furent également nommés pour repérer les « drôles d’oiseaux » en situation délicate. Pour matérialiser la bonne humeur qui régnait dans la résidence, V…, s’autorisa à transformer les antiques petites plaques « Gaz à tous les étages » en « Ça gaze à tous les étages ! » !
Le bruit strident du réveil déchira le petit matin. G…. l’arrêta d’un geste rageur. Il referma les yeux pour prolonger son songe. Il ne voulait pas en perdre une goutte, le savourer jusqu’à sa dernière gorgée de bonheur ! Cela le changeait des cauchemars horribles où il combattait des robots armés de mitraillettes, était poursuivi par des hordes d’animaux aussi fantastiques que dangereux ! Puis il se leva, se passa longuement de l’eau sur le visage tout en réfléchissant. Et prit alors une décision, une de celles qui change à jamais votre existence et vous forge dans un métal différent des autres : celui d’une personnalité forte vous poussant irrésistiblement à aller jusqu’au bout de vos rêves et à porter ceux-ci sur les fonts baptismaux de la réussite ! Ce n’est pas lorsqu’il serait vieux et bedonnant qu’il serait temps de regretter de n’avoir pas su sauter le pas ! S’emparant de son téléphone, il appela la DRH de l’Administrateur de Biens chez lequel il avait un troisième entretien d’embauche ; celui-ci ne devant être qu’une formalité avant de lui faire signer son contrat. G…. lui signifia finalement ne pas postuler à l’annonce… et crut entendre un hoquet à l’autre bout du fil ! Le soir-même, le jeune homme demanderait à ses parents de lui prêter de quoi louer un local, acheter un ordinateur et une imprimante d’occasion. Puis il se rendrait à la préfecture y déposer les statuts de sa start-up. Son projet était de créer une structure qui aiderait les résidents à mieux vivre entre eux. À la rubrique « secteur d’activité » du formulaire, il indiquerait « Syndic de Convivialité » ! Quant à la dénomination, pas d’hésitation : « la Société des Oiseaux » !

Par OLIVIER D.

Calculs énergétiques manuels vs calculs numériques

En tant que bureau d’études thermique et fluides, nous réalisons des audits énergétiques dans le cadre de DTG, phase 1 d’un projet de rénovation énergétique et moment de prise de conscience de l’état de la copropriété et des travaux à envisager. Il convient donc de calculer les consommations, l’étiquette énergétique et le gain énergétique du projet projeté. Une fois l’audit réalisé vient le temps de le présenter au conseil syndical. Les conseillers syndicaux sont largement composés de messieurs retraités et une fois la présentation faite, l’un d’entre eux, sort de son dossier une feuille A4 remplie de calculs manuscrits, dans tous les sens, et il nous indique très sérieusement que les calculs réalisés par l’ingénieur, grâce à un logiciel adapté, sont faux et qu’il a fait tous les calculs et ne trouve pas les mêmes résultats ! Un peu interloqués et surtout très polis pour ne pas vexer le monsieur, sans doute “prof de techno” à la retraite, je ne m’en souviens plus, nous tentons de lui expliquer qu’il faut comparer les choses comparables, que les données d’entrées ne sont peut être pas les mêmes, etc. Il tente de son côté des explications mais…se fait très vite retoquer par ses pairs….conscients qu’il ne pourrait rivaliser face à un logiciel et aux explications de l’ingénieur. Ouf, mais quelle surprise de voir le temps qu’a dû passer ce monsieur à faire tous ces calculs à la main !
Attention à ne jamais sous estimer l’investissement de personnes qui ont du temps et de l’expérience dans le domaine et user de toute la diplomatie possible pour ne pas les froisser. Nous avons eu la chance que ce soit les autres membres du conseil syndical qui ont eu la lucidité de mettre court à un débat qui aurait pu être sans fin ! l’humain dans ces projets de rénovation énergétique, quelle importance !

Par Laurence D.

Copro & Naturisme

Alors gestionnaire de copropriétés à PORT BARCARES, je me suis retrouvé à gérer des immeubles situés dans le périmètre du village naturiste de LEUCATE.
Relations de voisinages particulièrement tendues avec les « textiles » qui se mettaient à envahir l’espace naturiste.
Une de mes missions principales en tant que syndic : faire respecter le règlement de copropriété. C’est ainsi que je me plonge dans ledit réglement et là .. « clause naturiste » (que j’ai toujours gardé en photo et que je tiens à dispo). Me voilà donc à adresser des courriers RC/AR aux gens qui avaient l’outrecuidance de se vêtir alors que c’était les vacances, leur demandant de bien vouloir se confomer au règlement de copropriété et donc de respecter l’esprit et le mode de vie choisi par les copropriétaires !

La teneur des courriers était plutôt inédite ! Je vous laisse deviner comment s’est déroulée l’AG qui a eu lieu pendant l’été pour que le maximum de monde soit présent, bien entendu dans le plus simple appareil….!

Par Geoffrey W.

Flambage des fermettes

Mme H., copropriétaire qui occupe un appartement au dernier étage d’un immeuble sis 230 Rue Vendôme 69003 LYON, construit en 1990, constate lors d’un violent orage d’été, la survenance d’une impressionnante infiltration d’eau au niveau du plafond de son séjour, provoquant ainsi de sérieux dommages au parquet.

Sans attendre Mme H. signale les faits à Mme R. gestionnaire de la copropriété, qui cette dernière confie à l’entreprise M. une mission en recherche/traitement du désordre à l’origine de cette infiltration d’eau.

Se portant sur les lieux, le dirigeant de l’entreprise M. rend immédiatement compte du résultat de ses recherches, en insistant sur le fait qu’à l’aplomb du séjour de Mme H. des tuiles sont tombées sur le sol des combles perdus, laissant apparaître au niveau de la toiture un trou béant d’environ 4m2, nécessitant au titre des mesures conservatoires le bâchage provisoire de la zone sinistrée.

En procédant aux investigations d’usage, le syndic de la copropriété assisté d’un homme de l’art, relève une sévère et inquiétante déformation des fermettes par flambage, entraînant par effet domino la rupture des liteaux sur lesquels reposent les tuiles ciment relativement lourdes.

Ce désordre peu banal dû, lors de la réalisation de l’ouvrage, à une mise en œuvre approximative des pièces de charpente (mauvais contreventement), n’étant plus couvert par le contrat d’assurance décennale de l’entreprise à l’origine des travaux et la police d’assurance dommages ouvrage souscrite par le promoteur, le syndicat des copropriétaires a été contraint et forcé de financer la totalité des travaux de remplacement de la charpente défectueuse.

Par Gérard R.

Copropriété Beaujolais Nouveau

C’est à l’initiative des copropriétaires de ce charmant et sympathique ensemble immobilier «LES FLORALIES» comprenant une dizaine d’appartements, que la tradition consiste à tenir l’assemblée générale annuelle dans l’immeuble le 3iéme Jeudi du mois de Novembre.

Qu’elle n’a pas été la surprise de Mr G. gestionnaire de cette copropriété, lorsqu’à son arrivée sur les lieux, il est accueilli par les membres du conseil syndical, qui lui proposent de se rendre dans le local commun situé au rez de chaussée, afin de déposer le filet de la table de ping-pong.

Si toutefois l’éclairage était un peu lugubre, l’attitude des copropriétaires ayant pris place autour de la table de ping-pong, apportait une ambiance bon enfant, peu commune.

Mr G. n’en était là qu’au début des surprises, car après avoir levé la séance de l’assemblée générale en soirée, la table de ping-pong à été investie pour faire place à une dégustation de Beaujolais nouveau, accompagnée bien évidemment de charcuterie Lyonnaise et de fromages des plus savoureux.

C’est ainsi que la tenue de l’assemblée générale programmée systématiquement chaque 3iéme Jeudi de Novembre, jour officiel de la sortie du Beaujolais nouveau, est un bon moyen de joindre l’utile à l’agréable .

Par Gérard R.