LeBonVoisin

Locataire en copropriété, je croisais de temps en temps l’un de mes voisins. À chaque fois, je le voyais, le même grand sourire, me tenir la porte ; j’écoutais son « bonjour » enthousiaste. Au fil du temps, nous échangions quelques banalités : « Il ne fait pas trop froid chez toi ? », « Ça va, pas trop dure, la journée ? ». Peu à peu, je sentais son regard changer, devenir un peu charmeur ; je percevais chez lui une petite envie de faire plus ample connaissance, si vous voyez ce que je veux dire…

De mon côté, je tenais à ce que la relation avec celui qu’on appellera Mr V.. reste strictement voisine. Je craignais de le croiser tant cela devenait gênant. J’en étais même arrivée à regarder à travers le judas avant de sortir, pour être certaine de pouvoir me faufiler vers l’extérieur comme une petite souris.

Un beau jour, il était venu pour moi le temps de déménager. Je commençais à faire le tri : quoi garder, quoi vendre. Hop, le matelas : à vendre ! Je poste une annonce sur Leboncoin et j’affiche, dans l’immeuble, une photo de l’annonce avec mon nom et mon étage.

Quelques jours plus tard, je reçois un message sur Leboncoin : une personne est intéressée. Après quelques précisions, l’acheteur décide de passer récupérer le matelas. La veille du rendez-vous, je lui transmets mon numéro de téléphone pour qu’il m’appelle à son arrivée.

À 11h, pas d’appel… mais on sonne à la porte. C’est Mr V…
– « Salut, ça va ? Tout va bien ? », lui ai-je demandé,
– « Hello, ça va et toi ? Oui, tout va bien, je viens chercher le matelas ! »
– « Pardon ? Je… je ne comprends pas. Leboncoin, c’est toi ? »
– « Oui, oui, c’est moi. Il était temps que je change de matelas, j’ai vu ton annonce ! »

J’essaie de rester impassible et de conclure rapidement, même s’il cherche la conversation.

Deux jours plus tard en sortant, avec étonnement, je retrouve mon matelas posé contre le mur… C’est le jour des encombrants. Ce même jour, je reçois un message de Mr V.. :
« Hey merci encore ! C’est top, on a pu échanger nos numéros de téléphone. PS : Je voulais juste te dire que je te trouve très jolie… ».

Par Ghizlane A.

L’affaire du pot de basilic

Dans notre copropriété, tout allait plutôt bien… jusqu’à ce fameux pot de basilic.
Un matin, une résidente du 2ᵉ étage découvre qu’un pot de basilic trône sur le rebord de la fenêtre de la cage d’escalier, “juste à côté de la sienne”. Le mystère commence : à qui appartient-il ? Pourquoi là ? Et surtout, qui arrose cette plante si verdoyante alors que les nôtres meurent toutes au bout d’une semaine ?
Un message est aussitôt glissé sur le tableau d’affichage :
“Merci de retirer votre pot de basilic du rebord commun. Ce n’est pas un jardin partagé ici.”
Le lendemain, une réponse apparaît :
“Le basilic contribue à l’ambiance méditerranéenne du hall. Merci de votre compréhension.”
S’ensuit une véritable guerre verte : le pot change d’étage chaque jour, d’autres plantes apparaissent (menthe, lavande, un cactus rebelle), et un voisin installe même une pancarte “Espace vert de la copropriété – arrosage collectif le dimanche”.
Lors de la prochaine assemblée, le syndic, un peu dépassé, a dû inscrire à l’ordre du jour un nouveau point :
“Vote sur la présence éventuelle de plantes aromatiques dans les parties communes.”
Résultat : 9 voix pour, 7 contre, 2 abstentions.
Et depuis, chaque printemps, la cage d’escalier embaume joyeusement le basilic.

Par Elvira M.

Monte voitures en souffrance, à qui la faute ?

Pour cette toute récente copropriété de bon standing, après avoir analysé les pièces du Dossier des Ouvrages Exécutés (DOE) remis à l’issue de la réception des travaux par le maître d’ouvrage au syndic de copropriété, ce dernier s’est occupé de souscrire auprès d’un fournisseur d’énergie un contrat d’électricité TARIF JAUNE, afin d’avoir une puissance suffisante pour assurer le bon fonctionnement de l’ensemble des équipements électriques relevant des parties communes.
Si sur les tous premiers mois il n’a pas été relevé de problème particulier, toutefois peu de temps après l’ambiance s’est quelque peu dégradée, ayant pour cause la perte d’usage momentanée du monte voitures.
En effet, au motif du coût particulièrement élevé du TARIF JAUNE, sur insistance d’un groupe de copropriétaires le gestionnaire de copropriété a été contraint et forcé d’engager une révision à la baisse de la puissance initialement souscrite au titre du contrat de fourniture d’électricité. C’est donc à la suite de l’intervention d’ERDF, qui après avoir recalibré le point de distribution a fait que le monte voitures est apparu en souffrance par manque de puissance électrique et dans ces conditions il est facile d’imaginer que plus aucune voiture ne pouvait entrer ou sortir du parking en sous-sol. Face au problème, en attendant de pouvoir revenir au TARIF JAUNE de base, le gestionnaire de copropriété n’a pas eu d’autre choix que de faire appel à une entreprise d’électricité, qui dans l’urgence s’est attachée à mettre en place un groupe électrogène de location pour débloquer au plus vite cette situation hors du commun.
Entre d’une part la perte d’usage temporaire d’un équipement collectif et d’autre part les dépenses engagées (argent/temps), on ne peut que recommander aux copropriétaires qu’il est généralement utile d’apporter une réelle attention aux conséquences de leurs décisions et de leurs actes.

Par Quentin B.

La madone tombée du ciel

Dans le cadre des travaux de ravalement, une nouvelle statue a trouvé sa place au 80 rue Masséna 6iéme arrondissement, dans une niche située à l’angle de la façade de cet immeuble placé sous le régime de la copropriété et demeurée vide depuis plusieurs décennies.

Avec la volonté du syndicat des copropriétaires de remettre une statue sur leur immeuble et au maître d’œuvre qui a fait le lien avec l’association Les Madones de Lyon qui a fourni la statue, elle a été installée par les compagnons de l’entreprise S.. Il ne reste plus qu’à patienter quelques jours pour que cette nouvelle madone soit dévoilée aux yeux de tous, aprés le démontage de l’échafaudage.

Il s’agit là de la reproduction d’une sculpture signée Philippe Fabisch, fils du grand sculpteur Lyonnais Joseph-Hugues Fabisch (XIXème siècle), dont l’original se trouve dans l’église de Lissieu. Elle représente la Vierge et l’Enfant Jésus à son côté, debout sur une colonne. La tendresse des liens maternels et divins se lie dans leur posture et leurs regards, qui désormais veilleront sur les passants déambulant dans cette rue très animée du quartier des Brotteaux.

Merci à l’assocition “les Madones de Lyon” pour leur grande générosité, aux copropriétaires, au cabinet B. maître d’œuvre, au syndic de copropriété et à l’entreprise de ravalement S.. Grâce à la mobilisation des intervenants, en retrouvant tout son sens, cette niche a désormais renoué avec la tradition des Madones de Lyon, pour le plus grand plaisir et bonheur de tous.

Par Jean-Marc A.

Le contorsionniste un brin de mauvaise foi

La copropriété en question a un parvis couvert qui donne sur la rue. Problème : le rebord d’une fenêtre basse près de la porte d’entrée est devenu un véritable banc public, avec en bonus le dépôt régulier de déchets à cet endroit. Exaspérés, les copropriétaires m’ont demandé en ma qualité de gestionnaire de la copropriété de faire installer un système empêchant de s’asseoir. S’agissant d’un immeuble neuf, on a opté pour quelque chose de discret : deux barreaux horizontaux posés par un serrurier dans le cadre de la fenêtre, à fleur de façade. Sobre, élégant, dissuasif. Du moins, c’est ce qu’on croyait !

Deux jours après la pose, surprise dans ma boîte mail : un membre du conseil syndical m’envoie trois photos de lui en pleine séance de contorsion, dans des positions improbables et assurément inconfortables, démontrant selon lui que l’on peut quand même s’asseoir. On le voit notamment assis en suspension sur le premier barreau, les bras enlacés autour du second. Une position qui ferait pâlir d’envie un maître yogi !

Évidemment, je n’ai pas résisté à l’envie de transmettre cette pépite au serrurier, lequel a remercié ironiquement par mail le copropriétaire pour “ces excellentes mises en situation très explicites”.

Malgré tout, mission accomplie : on a décidé de laisser l’installation en place et de voir à l’usage si quelqu’un allait réellement avoir l’audace de s’asseoir. Verdict plusieurs mois plus tard : zéro squat, zéro déchet et zéro yogi en mal de sensations !

Par Antony M.

Le veilleur

Je ne l’avais jamais rencontré. C’était mon voisin d’en face, un étage au-dessus du mien. Mais quelque part, je le connaissais. Il était mon horloge. Pendant six mois, chaque soir à 21h00 précises, sa lumière faisait flash. Un seul.

Un soir, 21h00, rien. Le silence dans sa fenêtre, après tant de constance, était dérangeant… Après quelques minutes d’attente et d’hésitation, j’ai traversé la cour, monté les escaliers de son immeuble et j’ai toqué. Le vieil homme m’a ouvert.

« Excusez-moi », ai-je bafouillé. « Je voulais juste m’assurer que tout allait bien. La lumière… »
Un léger sourire a éclairé son visage.
« L’ampoule a grillé. »
Soulagé, je m’apprêtais à repartir, mais j’ai quand même osé.
« Mais… pourquoi vous faites ça tous les soirs ? »
Il a tourné la tête et a pointé son menton vers une fenêtre de mon propre immeuble.
« C’est pour l’homme du quatrième. Il est alité. Il ne quitte plus sa chambre. »
Un silence.
« C’est juste pour qu’une fois par jour, il sache que quelqu’un pense à lui. »

Ce soir-là, j’ai compris. Les conversations les plus importantes de notre copropriété se tenaient dans le plus grand des silences…

Par Sofien B.

Les chiffres qui ne mentent pas

Lors de l’assemblée générale annuelle d’une copropriété, le président annonce une augmentation de 30% des charges. Stupeur dans la salle.

Mr K. retraité comptable, demande à vérifier les comptes. Il remarque des anomalies : des factures de nettoyage exagérément élevées, des travaux jamais effectués mais facturés. Le syndic botte en touche.
Une voisine timide, employée dans un cabinet d’audit, propose son aide. Ensemble, ils découvrent que le gestionnaire a créé de fausses sociétés prestataires.
Alors qu’ils s’apprêtent à porter plainte, le gardien les informe que le syndic vient de démissionner “pour raisons familiales”.

Dénouement :
– Récupération de 85% des fonds détournés grâce à l’assurance
– Nouveau système de contrôle trimestriel mis en place
– Le timide duo K./D. est élu au conseil syndical
En copropriété, l’indifférence coûte cher. La vigilance, elle, rapporte.

Par Lea D.

Maman, j’vais pas rater l’avion

Je gère une copropriété avec deux bâtiments et un parking extérieur entre les deux, à 8 km d’un aéroport. Les lampadaires du parking s’éteignent le soir après ceux de la commune. Classique. L’ancien président du conseil syndical, pourtant doté de toutes ses facultés intellectuelles (prof de socio en fac et à l’IEP, quand même !), m’a demandé, le plus sérieusement du monde, si on pouvait synchroniser l’extinction des lampadaires de la copro avec ceux de la commune. Pour les économies d’énergie me direz-vous ? Que nenni. Ceci afin d’éviter qu’un avion ne prenne le parking pour une piste d’atterrissage et ne vienne s’écraser sur la résidence ! Alors je veux bien être ouvert d’esprit mais dans le cas présent, on parle de 8 lampadaires disséminés en freestyle sur un parking pas du tout rectiligne. On est plus proche d’un sapin de Noël que d’un aéroport international. Bref, si vous cherchez un expert en éclairage anti-aérien, appelez-moi !

Par Antony M.

La guerre des nons

Dans un immeuble de copropriété, un événement inattendu s’est produit lors de l’élection du nouveau conseil syndical. Pour la première fois, les copropriétaires ont décidé de donner des noms aux différentes parties communes de l’immeuble afin de créer un sentiment d’appartenance.

La réunion a commencé calmement, mais lorsque le sujet des noms a été abordé, une vive discussion a éclaté. Monsieur L., un résident de longue date, proposa de nommer le jardin “Le Jardin des Souvenirs” en hommage aux moments passés ensemble. Cependant, Madame B., une nouvelle copropriétaire, a suggéré “Le Jardin de la Paix”, arguant qu’il était important de promouvoir l’harmonie entre voisins.

Au fil des échanges, les propositions sont devenues de plus en plus extravagantes. Monsieur D. a même proposé de nommer l’ascenseur “L’Ascenseur des Émotions”, ce qui a provoqué un fou rire général. Les voisins ont commencé à rivaliser d’imagination, et des noms comme “Le Hall des Rêves” et “La Cour des Miracles” ont été évoqués.

Finalement, après de nombreux rires et quelques désaccords, un compromis a été trouvé. Le jardin a été nommé “Le Jardin de l’Amitié”, symbolisant l’esprit de communauté qui régnait dans l’immeuble. Cette anecdote a non seulement renforcé les liens entre les copropriétaires, mais a aussi mis en lumière l’importance de la communication et de la coopération dans la gestion d’une copropriété.

Par Gary L.

Miaou minou

Après plusieurs mois de négociations, nous avons enfin réussi à faire voter lors de la dernière assemblée générale de la résidence où j’habite, des travaux de réfection de la façade.

Ils sont payés et les voisins sont informés de la date de début des travaux ainsi que de leur durée prévisionnelle.

Les travaux ont commencé cette semaine : échafaudages, ouvriers sur le pied de guerre, tout le monde s’affaire.

Mais c’était sans compter notre voisin du premier étage qui s’en est pris aux ouvriers ce matin.

Le syndic sur place tente de tempérer les choses et de comprendre les raisons de son attaque.

Il répond « Vous comprenez, le bruit des travaux me dérange pendant que je caresse mon chat, il ne m’entend plus lui parler, ça trouble notre relation ! Ça ne peut pas durer »

Après un gros fou rire, les travaux ont repris et la relation de notre voisin avec son chat a finalement survécu.

Par Sofia P.