La visite avec l’homme Torse Poil

Dans la douceur d’une soirée estivale, à la recherche d’une collocation, quatre jeunes hommes, Arnaud, Aurélien, Edouard et Tanguy, s’apprêtent à vivre une visite d’appartement mémorable à proximité de la station de métro Garibaldi.
Après une journée de labeur, nos trois acolytes se rejoignirent dans le sud de Lyon en direction de la copropriété, pour faire la route ensemble en moto. Après quelques sueurs froides en faisant vrombir leur moteur devant les forces de l’ordre, ils arrivèrent à destination au 277 rue Garibaldi. Devant un immeuble, des discussions animées débutèrent en attendant leur compagnon de fortune. A son arrivée, Arnaud contacta l’agente immobilière de l’annonce qui leur indiqua le 4ème étage. Au même moment, une personne franchit la porte d’entrée de l’immeuble et le groupe se hâta de s’introduire dans l’immeuble et de monter jusque devant la porte. Les quatre hommes en cuir de motard tapèrent à la porte et un homme Torse Poil l’ouvrit.
Aurélien prend la parole :
« _ Bonjour, nous venons pour la visite de l’appartement pour une collocation.
_ Je ne suis pas au courant car je ne suis pas chez moi et les propriétaires ne sont pas là, mais entrer si on vous a dit de faire la visite. Je suis votre guide. » Dit notre agent immobilier Torse Poil
En passant par l’entrée, Arnaud aperçut une jeune femme sur le canapé et lui demanda si c’était elle au téléphone 2 minutes plus tôt. La jeune femme lui répondit que non. La visite se poursuivit dans la cuisine. L’homme torse poil continuait de vanter les mérites de cette magnifique cuisine. Pendant ce temps-là, Edouard se posait des questions sur l’aspect ubuesque de la situation et interrogea le maître éphémère des lieux :
« _ Combien de chambres y a-t-il dans l’appartement ?
_ Une chambre » Répondit l’homme Torse Poil, entouré des quatre hommes en cuir dans une cuisine d’un deux pièces.
Le mystère était percé ou presque. Le groupe sortit sur le palier mais il n’y avait pas d’autre appartement. Ils descendirent et sortirent de l’immeuble. Sur la porte, le numéro était effacé et un peu plus loin, sur le même trottoir trônait fièrement au-dessus de la porte, le numéro 277.

Par Edouard P.

Halte à la Bêtise

HALTE A LA BÊTISE

Une fois de plus, preuve est faite que la bêtise n’a pas de limites et que l’adage selon lequel “plus con que moi, tu meurs” est cruellement démenti.

En effet, à la lecture du mél d’un(e) copropriétaire adressé à Mmes. R et F. B., nos Présidentes bien Aimées respectivement du Syndicat du Parc et du Conseil Syndical de l’Allée des Peupliers, les bras m’en sont tombés ! En effet, notre ch(e)(è)re voisin(e) a fait plus fort qu’Alfred Jarry et que tous les surréalistes réunis. Je savais notre UBU de service doué(e) d’une capacité de nuire sans nom, d’un égocentrisme puéril et d’une ouverture d’esprit propre à une moule mais j’étais encore loin de l’imaginer d’une bêtise susceptible d’atteindre des sommets himalayens.
C’est désormais chose faite, plus encore, démontrée.

Pour répondre à sa paranoïa fécale, qui d’entre nous dont le véhicule est garé ou non sous les frondaisons des arbres n’a pas été, un jour ou l’autre, la victime innocente des fientes lâchées par ces racailles d’oiseaux qui squattent notre Résidence ? Voilà près de 50 ans que j’habite en ces lieux et que je dois, donc, de temps en temps, passer mon chiffon humide sur le pare-brise et la carrosserie de ma voiture pour réparer les outrages qu’elle subit de la part de ces satanés farceurs d’oiseaux livrés à leurs orgies. Ce n’est ni un drame ni une affaire d’Etat méritant l’usage de la Grosse Bertha et l’intervention de troupes de choc.

Qui, sinon un esprit malade, pourrait vouloir faire payer aux arbres le prix des incontinences de cette engeance oiselée qui nous inflige ses turpitudes ? Guère plus dérangeantes, au demeurant, que celles de nos chiens promenés, chaque jour, au bout de leurs laisses par leurs maîtres équipés de sacs à déjection. Sans parler de celles de l’espèce humaine prise parfois, notamment la nuit, d’urgences sous-abdominales, au point d’en venir à lâcher ses mouscailles fluides ou solides au pied des troncs de nos arbres, quand ce n’est pas sur nos vertes pelouses, ou sur nos délicates platebandes fleuries. Comment ne pas faire appel à la tolérance quand nos tourments intestinaux ne souffrant aucun délai déversent les raisons de leurs souffrances ? Mais puisque la tolérance s’impose (exceptionnellement) à l’égard de nos semblables pris au piège de douleurs insoutenables et au supplice de les soulager en plein air avant même d’avoir pu atteindre la lucarne de leurs fauteuils d’aisance, pourquoi ne pas en faire profiter, à leur tour, nos chers vertébrés tétrapodes à sang chaud ?

Allons, sachons raison garder !
Tout d’abord, la race ailée ne choisit pas les seuls arbres comme rampe de lancement à leurs lâches soulagements. Toutes les voitures garées ailleurs que sous leurs frondaisons subissent également leurs outrages naturels commis aussi bien au repos qu’en plein vol.
Ensuite, à moins que notre ch(e)(èr)e voisin(e) soit la victime d’un harcèlement ciblé sur sa seule personne par une horde emplumée, (il) (elle) ne passe pas plus son temps à faire briller son pare-brise que la moyenne des copropriétaires victimes du manque de retenue de nos chères bêtes.
Enfin, cet UBU de service mesure-t-il le grotesque et le ridicule de ses plaintes ? Aussi surréalistes que celles de ce couple d’anciens citadins installés à la campagne et qui avait demandé à la Justice de faire tordre le cou du coq de la ferme voisine remplissant quotidiennement son rôle de réveille-matin. Ils furent déboutés sans avoir pris conscience de leur chance d’avoir échappé à la mort par ridicule.

A moins de témoigner d’une cervelle… d’oiseau, on n’exige pas l’élagage, voire l’abattage des arbres pour éviter aux véhicules garés les quelques chiures de nos camarades emplumés. User d’un tel procédé pour mettre un terme à leurs incivilités reviendrait à utiliser le marteau-pilon afin d’écraser les mouches, outre à porter atteinte à la Nature et à ses merveilles.
A ( M)(me) UBU, nous pourrions suggérer l’installation d’épouvantails sur les voitures. Mais les oiseaux ayant emprunté aux hommes ce travers de narguer systématiquement la maréchaussée et l’Autorité, par conséquent, de redoubler d’efforts pour les provoquer, non seulement le remède serait pire que le mal, mais nos véhicules disparaîtraient, en définitive, sous des monceaux de fientes.

Au point de ridicule dans lequel se noie notre ch(e)(è)re voisin(e), je lui suggèrerais volontiers d’entreprendre une démarche auprès de la Préfecture pour obtenir un permis de chasse ; ce qui l’autoriserait en toute légalité à décimer la racaille d’oiseaux perturbateurs abusant de sa patience et de sa tolérance. Ou encore, d’entamer un CAP de bûcheron alpiniste-voltigeur afin de grimper systématiquement aux arbres pour, au pire, faire rendre gorge aux présumés délinquants oiselés ou, au mieux, les gagner et/ou les convertir à l’usage civilisé du papier hygiénique.

(Il) (elle) pourrait également pratiquer l’échelle de perroquet, une revendication en appelant une autre sans avoir à revenir sur les acquis précédents. Ce qui lui permettrait de déclarer une guerre totale à tout ce qui contrevient à la conception qu’(il)(elle) partage avec (lui)(elle) seul(e) de la vie en copropriété. Entre autres, et dans le désordre :
• l’insémination des animaux volants, les déjections ne pouvant qu’en être stoppées net ;
• l’interdiction faite aux écoles voisines de notre Résidence d’autoriser les récréations, les décibels atteints par le tumulte des enfants représentant une menace mortelle pour la quiétude des copropriétaires ;
• à cet égard, et pourquoi pas, à l’instar des mesures prises à l’encontre de l’espèce emplumée gâchant notre paix et notre repos, l’insémination des parents d’élèves afin de régler efficacement et définitivement le trouble occasionné par les récréations, les rentrées et sorties d’école.
• L’abattage de tous les arbres accueillant perfidement les oiseaux nuisibles à la propreté de nos voitures mais faisant également de l’ombre et entraînant les dépenses relatives à la chute des feuilles d’automne…
• Mais mieux encore, obtenir du Parlement qu’il adopte un projet de loi introduisant dans la Constitution française un article proscrivant les catastrophes et les besoins naturels.

Note de bas de page : Afin de ne pas encourir le reproche de recourir à des références peu communes, je précise que Alfred Jarry est l’auteur de la pièce « Ubu roi » dans laquelle il mêle absurdité, farce, provocations, satire, parodie et humour gras. Jarry est un précurseur du mouvement surréaliste et s’est évertué à dépeindre les aspects aussi grotesques qu’absurdes de notre vie en société comme des relations humaines. Pour le situer, autant le placer entre Charlie (en plus fin, tout de même) et Le Canard Enchaîné (en moins politique).

Par HORNN G.

Fringales nocturnes réel danger

Attention aux fringales nocturnes

Après une soirée bien arrosée en loge VIP à siroter du champagne en regardant un match de basket, je rentrai chez moi aux alentours de minuit, légère et pétillante comme une bulle de champagne.
Je me couche, sereine et heureuse. Soudain je me réveille. Il fait nuit. Je consulte mon portable, bientôt 4 heures du matin, qu’est ce qui cloche ?
Une odeur saisissante de plastique brûlé s’impose à moi. C’est ce qui m’a sorti de mon sommeil.
Les sens à l’affut, je fais rapidement le tour de mon appartement afin de trouver la provenance de cette senteur nauséabonde. Rien. Cela vient d’ailleurs apparemment mais semble si proche pourtant.
J’ouvre les fenêtres afin de voir de la fumée, rien. Je me décide à sortir de l’appartement et à commencer des investigations dans les parties communes de l’immeuble en copropriété. Tout semble calme, pas de fumée à signaler, ni d’odeur en dehors de mon appartement… Soudain j’entends sonner une tonalité assez puissante, stridente et continue.
Le problème : impossible de savoir d’où vient ce bruit qui me fait drôlement penser à un détecteur de fumée… J’erre dans les parties communes, je colle mon oreille contre les portes des différents appartements afin de détecter un éventuel indice…. Il ne faudrait pas se tromper, il est 4 heures du matin et les copropriétaires dorment à cette heure-ci, pour la plupart…
Je retourne chez moi, l’odeur de fumée est plus puissante encore. Cela doit maintenant faire 20 minutes que je suis réveillée, l’odeur ainsi que le bruit du détecteur de fumée qui sonne me maintiennent en alerte. Il se passe quelque chose, il faut agir sans plus attendre. Je décide de continuer à faire des recherches. Il n’y a toujours pas de trace de fumée mais l’odeur m’informe du contraire.
Au moment de ressortir, mon voisin de palier qui a fini par être réveillé par le bruit, me rejoint. Nous décidons ainsi de chercher ensemble l’appartement émetteur.
Il finit par trouver. Il s’agit de l’appartement de l’étage juste en dessous du mien. Cela pourrait expliqué le fait que l’odeur ne soit que dans mon appartement et m’ait réveillée.
Nous décidons de frapper à la porte, aucune réponse. Nous retentons, toujours pas de réponse.
Cela fait maintenant plus d’une demi-heure que l’incident a commencé et si quelque chose brûle, il n’y a effectivement plus de temps à perdre.
En l’absence de réponse, je décide d’appeler les pompiers. Cinq minutes plus tard, ils sont sur les lieux. Ils essayent de rentrer dans l’appartement de mon voisin du dessous qui ne répond toujours pas. Au moment où ils s’apprêtent à enfoncer la porte, miracle, celle-ci s’ouvre… et là… catastrophe. Mon voisin du dessous surgit, dans des volutes de fumée épaisse et blanchâtre, l’air complètement ahuri. Nous entendons très nettement le cri strident de son détecteur de fumée ainsi qu’une odeur de brûlé plus forte que jamais. Le chef des pompiers martèle : « Monsieur qu’est-ce que vous faites ? Qu’est-ce que vous êtes en train de faire brûler ici ? » et mon voisin de répondre : « Je suis désolé… je… je me suis endormi… », alors le pompier se précipite dans la cuisine, afin d’éteindre la gazinière sur laquelle est en train de brûler une casserole qui devait initialement servir à faire bouillir de l’eau, mais dont l’état actuel ne le permet plus…
Le jeune homme avait eu la brillante idée d’essayer de se faire cuire des pates à 4 heures du matin en rentrant de soirée . Son état second, certainement lié à l’alcool, avait fait qu’il s’était endormi profondément dans son salon en abandonnant le projet des pates.
Ainsi, ni l’épaisse fumée, ni les hurlements de l’alarme n’avaient pu le tirer de son sommeil.
Si je n’avais pas appelé les pompiers, l’immeuble aurait certainement pris feu, et ce jeune homme aurait pu périr dans les flammes.
C’est un drame humain que nous avons donc évité ce soir là en ayant le bon réflexe d’appeler les pompiers. Il ne faut rien prendre à la légère et toujours rester sur ses gardes. Un accident domestique est si vite arrivé. Le pompier me l’a bien confirmé. Il m’a également informé avoir eu le même problème dans une autre copropriété à cause d’une pizza nocturne. Aussi, il faut se méfier des fringales d’après soirée. Protégez vos proches, et vos voisins n’essayez pas de cuisiner bourré et à moitié endormi.

Le lendemain matin mon voisin est venu s’excuser et m’a remercié de lui avoir sauvé la vie. C’était la première fois que je lui parlais vraiment. Cette expérience m’a permis de faire sa connaissance même si j’aurai préféré que cela se fasse en d’autres circonstances !

Par Julie D.

Bert dans la poubelle

Lundi 4 septembre 2023, 8h12, dans une petite copropriété du centre-ville de Marseille.

J’étends mon linge sur un étendoir fixé à mon balcon qui surplombe la cour de l’immeuble, au 2e étage.

Je suis pressé et un t-shirt échappe de mes mains et tombe dans la cour. Et pas n’importe lequel.

Un t-shirt au départ somme toute banal. Acheté sur le marché en bas de chez moi, en coton, gris, col en V, parfait sous une chemise à la mi-saison ou pour un dimanche tranquille. Mais ce qui lui donne une certaine valeur affective, c’est que j’y ai cousu côté cœur un petit patch, comme j’aime le faire sur les habits sans caractère, qui représente une figure de mon enfance aux Pays-Bas : Bert (prononcer Bèrte).

Bert est un des personnages qui animent la Sesamstraat, Sesame Street pour la version originale américaine. C’était une émission quotidienne jeune public qu’on regardait après le dîner avant d’aller se coucher. Chaque soir on suivait les aventures de cette rue habitée par plusieurs drôles de marionnettes multicolores et dotées d’immenses bouches.

Bert, tête jaune allongée dotée d’une petite touffe de cheveux noirs, yeux noirs surplombés d’un monosourcil, vivait dans une des maisons de la rue Sésame avec son ami Ernie, tête orange plus ronde, dotée d’une chevelure plus abondante, et de yeux tout aussi noirs et sans sourcil. Ils partageaient la même chambre mais avaient chacun leur lit d’où ils discutaient souvent. Une manière de préparer les jeunes téléspectateurs à rejoindre leurs propres lits.

Bert, était le personnage sérieux, rabat-joie, voire colérique là où Ernie était le gai luron, tête-en-l’air et blagueur. Je me suis donc constitué deux t-shirts, un avec le patch de Bert et l’autre avec celui d’Ernie, une manière peut-être d’afficher discrètement mon humeur quand je verse plutôt du côté de de la morosité de Bert ou de la bonhomie d’Ernie.

Alors quand le t-shirt m’échappe et que je m’aperçois que c’est Bert qui est en train de tomber dans la cour je ne peux m’empêcher de me dire que cela ne va pas améliorer son acrimonie et je sens un reproche me parcourir.

D’autant que je n’ai pas le temps d’aller le récupérer. Il faudrait pour cela passer par le restaurant du rez-de-chaussée, demander l’autorisation à son gérant, et enjamber une des 3 fenêtres d’un local technique qui donne sur la cour. Trop d’actions à 8h12 quand on a un rendez-vous à 8h30, ailleurs.

Je sauverai Bert en rentrant tout à l’heure, à midi.

Midi arrive.

Plus de t-shirt, plus de Bert.

Comment a-t-il pu disparaître en une matinée ?

Comment s’est-il volatilisé alors que la cour n’est ni utilisée ni accessible sauf rares interventions sur les appareils de froid, de chaud et de ventilation du restaurant ?

Du balcon je vois à travers une des trois fenêtres du local technique qu’un artisan est en train de peindre ou d’enduire un mur du restaurant.

Je l’appelle :
– Monsieur, est-ce que vous auriez vu un t-shirt que j’ai fait tomber ?
– Non je n’ai rien vu.
– Et est-ce que quelqu’un est venu dans la cour ce matin ?
– Oui une entreprise est passée tout à l’heure, ils ont bouché la porte qui était là.

En effet, je me remémore que la porte permettant d’accéder de l’appartement du 1er étage à la cour devait être condamnée dans le cadre de la vente dudit appartement.

Je descends au rez-de-chaussée, traverse le restaurant, accède à la cour et à la place de la porte un enduit encore frais commence à sécher.

Mon enquête prend alors un tour décisif et les circonstances de la disparition du t-shirt et de Bert se précisent.

Une hypothèse prend corps, le t-shirt a servi à nettoyer quelque chose, des outils ou le sol.

Comment un être humain doté d’une base minimale de sens et de sensibilité peut prendre un t-shirt arborant la figure digne et stoïque de Bert pour en faire un vulgaire chiffon ?

Je n’ai pas le temps de m’attarder sur la nature humaine qu’un espoir naît soudain, je peux encore retrouver mon t-shirt, je peux encore sauver Bert !

A Marseille, comme dans d’autres villes sûrement, il n’est pas rare que les professionnels utilisent illégalement les poubelles des déchets ménagers pour les déchets de leur commerce ou de leurs travaux. Ni une ni deux je descends dans la rue et fonce vers les conteneurs poubelles les plus proches.

Il est là ! Dans un conteneur miraculeusement peu rempli, au fond d’un seau où se mêlent différents déchets du chantier : tubes de joints de façade, membrane d’étanchéité, canettes…

Bert me regarde avec ses deux billes noires et son monosourcil me suppliant de le sortir de ce bourbier.

Le t-shirt est mouillé et sali mais récupérable, alors je le récupère.

La disparition résolue, une deuxième phase de cette histoire s’ouvre à moi.

J’abandonne l’habit de l’enquêteur après avoir pris en photo le t-shirt au-dessus de la poubelle en guise de preuve, pour revêtir celui de l’éternel râleur d’une copropriété dont je suis le seul propriétaire occupant, préposé à la gestion de toutes les joies et misères qui accompagnent la bonne tenue d’un immeuble.

J’appelle le Syndic et demande à la gestionnaire de la copropriété, Tess, quelle est l’entreprise qui est intervenue sur place ce matin. Elle me répond et me demande de lui envoyer par mail la photo que j’ai prise et les détails de cette sombre affaire afin d’écrire elle-même à l’entreprise et me demande si j’accepte d’être en copie de son message.

Bien sûr que j’accepte !

Mardi matin 11h54, mail envoyé par Tess :
« Bonjour,
Je fais suite à notre conversation téléphonique de hier après-midi et vous demande de bien vouloir prendre connaissance du mail de M. VAN LIDTH ci-dessous, propriétaire d’un appartement au 2ème étage, étonné et à juste titre du comportement de vos ouvriers intervenus hier sur la copropriété.
Nous aimerions avoir un retour de votre part à ce sujet.
Dans l’attente et vous en remerciant,
Salutations. »

Réponse de l’entreprise à 13h47 :
« Madame, Monsieur,
En tant que responsable de la société XXX*, je tiens à vous présenter mes sincères excuses pour cet incident occasionné par nos ouvriers. Je prends cet incident très au sérieux et je ferai de mon possible pour empêcher que ce genre de chose se reproduise à l’avenir.
Concernant le dommage que cela vous a causé, je vous propose de vous rembourser votre t-shirt.
Encore une fois, je vous présente mes excuses pour tout inconvénient causé.
Bien cordialement »

Je réponds à 16h :
« Bonjour Monsieur,
Merci pour votre réponse qui tend à montrer que vous prenez notre message en considération et c’est appréciable. Plutôt que de rembourser le t-shirt je propose plutôt (plus simple et plus symbolique) que vous fassiez un don à Clean my Calanques, association marseillaise qui se bat pour qu’il y ait moins de déchets en mer et sur terre à Marseille.
Beaucoup des déchets qu’ils ramassent viennent notamment de la mauvaise utilisation qui est faite des poubelles à Marseille, cela me semble donc plus approprié comme geste de votre part : https://www.cleanmycalanques.fr/nous-aider
En vous en remerciant par avance.
Bien cordialement. »

A 18h, le responsable de l’entreprise répond à mon mail avec en pièce-jointe un reçu de don de 100 euros pour Clean my Calanques.

A 18h01 sur mon t-shirt, discrètement, Bert esquisse un très léger sourire.

FIN

* : vous aurez compris que XXX n’est pas le nom de l’entreprise mais une manière de respecter son anonymat, il ne s’agirait pas non plus de lui jeter une opprobre éternelle d’autant qu’elle a joliment réparé sa faute.

Par Floris V.

Remerciement en BD

En ma qualité de gestionnaire de copropriété, j’ai reçu un mail des membres d’un conseil syndical d’une nouvelle copropriété de 5 lots principaux, dont le texte suivant m’a vraiment touché :
“Nous avons reçu 9 prétendants (syndics) et nous nous sommes plongés dans leurs contrats, ce qui ne fut pas la chose la plus simple et agréable… À l’unanimité, nos voix se sont portées sur T…. Syndic (c’est mon employeur) et nous pouvons dire aujourd’hui que nous ne regrettons pas notre choix. Nous avons un syndic et surtout un gestionnaire, Mr S. (c’est moi…) plus que dynamique, présent, à notre écoute, efficace… c’est pour nous notre Lucky Luke”.
En plus de me coller l’image d’un ange gardien, voici que ces copropriétaires me prennent pour Lucky Luke.

Par Stephane S.

Mamie Octogénaire sur un balcon fissuré

🏡 Mon balcon est fissuré et risque de tomber à cause de mes jardinières, cela me fait peur 👇

☎ Tout a commencé par un appel téléphonique de cette dame octogénaire et qui m’explique avec une voix tremblante qu’un maçon lui a dit que c’est trop lourd ce qu’elle a mis sur son balcon (fissuré) comme jardinières et qu’il faut l’expertiser.

🚧 Visite effectuée, balcon des années 50, en béton en carbonatation, fissuré et ayant certaines fissures à ne pas négliger. Le balcon est chargé de jardinières volumineuses dont le poids dépasse la charge d’exploitation admissible❌.

Après explication de la situation, il y a eu ce petit échange avec cette dame très agréable :
❓ Avez-vous un syndic professionnel Madame ?
👉 Non, nous ne sommes que 4 propriétaires et c’est ma voisine qui est syndic bénévole mais il ne faut pas lui dire pour ne pas l’embêter !
❓ Avez-vous des enfants Madame ?
👉 Oui mais ils sont loin, je les vois rarement et il ne faut pas les embêter !
❓ Avez-vous quelqu’un pour vous aider dans les démarches et pour vous enlever ces jardinières ?
👉 Non et je n’ai pas les moyens

⛔Bon, réfléchissons, le balcon doit être soulagé puis renforcé. Certes ce n’est pas une urgence absolue mais il faut le faire quand même au risque de dégradation.
⛔Cette pauvre dame ne pourra pas prendre les choses en main vu son âge (80 env.), n’a pas l’intention d’en parler autour d’elle et visiblement personne ne l’aide.

J’ai donc pris l’initiative suivante :
☢ Envoyer une copie du rapport par LRAR à la mairie et à la voisine (syndic bénévole)

🎯 Résultat :
· Je reçois un appel de la mairie et je leur explique la situation. Ils ont bien compris ma démarche et la personne du service technique, consciencieuse, a fait le nécessaire pour enlever les jardinières du balcon
· On m’a appris que les copropriétaires ont pris connaissance du sujet et qu’ils s’en occuperont

Jusque-là tout va bien, sauf que 😱…

· Je reçois un appel de la mamie qui n’était pas tout à fait satisfaite car ça lui a fait des histoires avec les voisins …. WHAT !! mais quels types de voisins sont-ils ! 😪, mais je vous assure madame que ce n’était pas le but… mais bien le contraire 🙏, pour moi votre sécurité passait en premier

✅ Et vous ? ça vous arrive ce genre de situation dans votre métier ?

Notre mission : La protection des biens et des personnes

Par Mohamed S.

Le jour où tout à basculé

Dans la vie il y a toujours des moments fatidiques qui émergent, bousculant le cours même de notre vie. Durant un quart de siècle, mon parcours professionnel s’est entrelacé avec les métiers de l’ascenseur, naviguant entre le montage neuf, les réparations minutieuses, et les modernisations complètes. À l’aube de la quarantaine, l’aspiration à mettre mon expertise au service de la qualité, de la sécurité, du contrôle et de l’inspection a pris forme.

Motivé par le désir d’édifier un avenir plus prometteur pour mes enfants, de prétendre à un salaire plus gratifiant, et de partager mes vastes connaissances dans le domaine technique, j’ai embrassé le rôle de contrôleur. Ma démission a été le prélude à un tournant inattendu. Au cours du préavis, intervenant pour aider un collègue, un grave accident de travail est venu bouleverser mon destin, déjà vieux de vingt ans.

Cette introduction sert à souligner l’importance cruciale des décisions prises lors des réunions de copropriété. Quelques mois avant ce tragique événement, un audit de sécurité avait révélé l’urgence de travaux nécessaires pour mettre aux normes la sécurité des ascenseurs. Cependant, lors de la réunion de copropriété qui suivit, ces recommandations vitales furent écartées. À la place, l’attention se porta sur des ajouts esthétiques tels que de nouveaux boutons de cabine et un éclairage sophistiqué.

Après des mois de soins assidus et de persévérance, j’ai réussi à rebondir professionnellement en tant que consultant en sécurité des ascenseurs, prolongeant ainsi mon engagement dans ce domaine. Cette histoire cherche à sensibiliser sur la nécessité de considérer attentivement l’avis des professionnels qualifiés lors des réunions, particulièrement en ce qui concerne la sécurité des résidents et des intervenants extérieurs.

Elle pointe également vers une nouvelle perspective sur le handicap, qu’il soit visible ou invisible. Au cours de ma carrière de technicien, j’ai porté dans mes bras une femme handicapée sur plusieurs étages en raison de la panne prolongée de l’ascenseur, conséquence d’un désaccord avec le gestionnaire d’immeubles.

En conclusion, vivons en harmonie, partageons des sourires et des salutations chaleureuses. Lors des décisions cruciales, gardons toujours à l’esprit la sécurité et cultivons le bien-être collectif. Ce récit est dédié au magnifique chien Golden Retriever qui, fidèle compagnon, est resté collé à mon visage pendant la longue attente des pompiers avant mon évacuation.

Par José P.

Dédicace spéciale

En tant que gestionnaire de copropriété, mon intérêt premier est de donner pleine et entière satisfaction à mes copropriétaires afin que chaque année, mon contrat de syndic soit renouvelé. Ayant rarement de reconnaissance étant donné qu’il s’agit là d’une prestation rémunérée, toutefois à ma grande surprise il y a 6 mois j’ai reçu un livre édité depuis plusieurs années et écrit par une de mes copropriétaires, qui a rajouté à la main à Azadée et à Jade avec tout mon amour, et puis à Stéphane S., l’ange gardien du Clos D. (nom de la résidence) merci beaucoup pour votre dévouement, votre parfaite disponibilité, votre patience et votre grande générosité. Amitiés Catherine B….

Par Stephane S.

Quand on appréhende le transport vertical différemment … ✈

Mr D.. est un copropriétaire sans histoire. Célibataire endurci, 52 ans, il aime ses livres qui débordent de sa bibliothèque, notamment sa collection de La Pléiade, débutée depuis ses 15 ans.

Son chien Hubble, un labrador chocolat, un peu grassouillet, lui réchauffe les pieds quand il se met à son bureau pour écrire. Car, malgré sa timidité maladive notamment quand il croise sa voisine, Mr D. gagne sa vie grâce à ses romans relatant des histoires enflammées et des scènes torrides, sous un pseudo anglo-saxon, aux éditions H.

Lors d’une AG, Mr D. nous informe qu’il compte refaire complètement sa salle de bain avec un équipement moderne, une douche sonore et une baignoire balnéo. Rien que ça …

Sa voisine du dessous, Mlle C., une très belle femme au peps indéniable, plaisante en lui indiquant, derechef, qu’elle va être jalouse.

Mr D. rougit, tout en regardant le bout de ses chaussures.

Et le gestionnaire de copropriété lui indique :
“L’assemblée vous remercie pour cette information mais il s’agit de travaux privatifs qui n’ont pas vocation à impacter les parties communes”.

Il est important d’insister sur le mot “impact”. 😜

Les travaux sont alors réalisés, quelques semaines plus tard, par des “professionnels” qui font des va-et-vient entre l’appartement et leur camionnette immatriculée “PL”.

La salle de bains est enfin terminée. Mr D. s’en réjouit et décide d’inaugurer sa nouvelle baignoire. L’eau coule … longtemps.

Il s’installe, tranquillement, Hubble le regardant, avec envie, se prélasser. Le chien s’allonge, le museau posé sur ses pattes, observant son maître avec un regard débordant d’affection.

Tout à coup, Hubble lève la truffe, les oreilles aux aguets. 

“Qu’est ce que t’as, mon pote ? Lui dit son maître. T’as entendu la voisine ?”

A peine finissant sa phrase, un léger craquement, suivi d’un beaucoup plus fort, fait aboyer Hubble.

Mr D. se sent happé par le vide, comme dans un avion en chute libre. Cela ne dure que quelques dixièmes de seconde : il atterrit, avec moult fracas, à l’étage du dessous, la baignoire encore quasi remplie, dans la salle de bains de Mlle C.

Un peu groggy, désorienté, agrippé aux bords de sa baignoire, Hubble le surplombant en aboyant, il découvre, face à lui, dans le couloir, au travers d’une porte, Mlle C., complètement éberluée mais, heureusement, sortie à temps de la salle de bains, lors de l’ouverture de cette trémie, bien involontaire.

Joe the Plumber avait simplement omis de signaler que les solives rongées par une infiltration pernicieuse de longue date étaient très altérées. Le poids de la balnéo avait fait le reste …

Deep impact : Mr D. eut alors le courage d’inviter Mlle C. à dîner pour découvrir qu’elle était abonnée aux éditions H.

Par Christophe V.

Un hiver sans ECS c’est chaud bouillant

Pour ce bel appartement, récemment acquis dans une copropriété, la chaudière à condensation gaz assure ma production d’eau chaude et mon chauffage. En Novembre 2022 la Sté de maintenance retenue par le syndicat des copropriétaires de l’immeuble vient mettre en service mon chauffage et ce jour là, le technicien m’informe de la nécessité de remplacer la piéce corps de chauffe percée et qu’il faudra attendre un mois, car la piéce sera commandée en ITALIE. J’ai même appris que cette pièce aurait déjà été remplacée un an plus tôt.

Ce premier hiver rien ne va plus dans l’immeuble avec la mise à l’arrêt de plusieurs chaudières et ce dans trois autres appartements à cause de fuites de monoxyde de carbone. A la suite d’un passage de caméra dans le conduit d’extraction des gaz brûlés, des travaux ont été réalisés, générant ainsi une dépense importante pour préserver la sécurité des biens et personnes.

Malgré une belle salle de bain, le quotidien s’avère ennuyeux pour moi avec des douches froides en plein hiver, toutefois agrémentées de l’eau chaude de ma bouilloire. Si le confort est un bien inestimable on s’en apperçoit aussitôt qu’il vous fait défaut. Bien heureusement l’hiver a été particulièrement doux et le chauffagiste eut pitié de moi en mettant à ma disposition des radiateurs électriques.

Après avoir effectué le remplacement de la pièce défectueuse sur ma chaudière, j’ai enfin retrouvé un bon fonctionnement de celle-ci. Pourquoi tous ces travaux n’ont pas été faits plus tôt ? Si tout est rentré dans l’ordre au bout de 5 mois en Mai 2023, cette situation restera pour moi un grand mystère.

Croyez moi, un hiver sans Eau Chaude Sanitaire c’est chaud bouillant…!

Par Sylvie G.