Le bricoleur du samedi matin

Il y a quelques années en tant que copropriétaire, j’ai assisté à un spectacle hebdomadaire qui mêlait immersion sonore et absurdité. Chaque samedi matin à 7h précises, un voisin lançait l’opération « Bricolage du siècle », armé de sa perceuse survoltée, marteau et scie sauteuse. Mais ce qui rendait le tout irrésistible, c’était son enthousiasme sans borne et ses petites phrases lancées à travers la cloison.

Il criait gaiement comme s’il animait un show télé. Au départ, on pouvait presque rire en l’écoutant vanter ses talents de bricoleur-maison. Mais après trois ou quatre samedis, l’amusement a laissé place à l’agacement général : réveils forcés, impossibilité de se reposer, enfants déboussolés…

Plusieurs voisins lui ont rendu visite pour lui demander de baisser le volume ou de commencer un peu plus tard. Lui, imperturbable, répondait en rigolant : « Le silence, c’est pour les faibles ! » ou bien « La créativité ne dort jamais, madame ! » avec un clin d’œil. Un samedi, notre bricoleur a placé fièrement un panneau sur sa porte : « Chantier bruyant entre 7h et 13h, merci de votre compréhension ». Sa bonne humeur contrastait tellement avec la mine fatiguée et les regards noirs qu’il est devenu malgré lui la star… du gringalet casse-pieds.

Finalement, le syndic a dû intervenir et convoquer une réunion exceptionnelle. Là, avec un mélange de patience et de fermeté, il a fallu faire comprendre à notre « roi du bricolage » que sa créativité audible avait ses limites. Les horaires légaux de bricolage ne sont pas négociables, même pour un artiste du marteau convaincu.

Depuis cet épisode, le calme est revenu les samedis matins, mais l’immeuble à gardé en mémoire cette version bruyante du week-end qui, malgré tout, a réussi à souder les voisins autour d’un même sujet, car en copropriété, il faut parfois du bruit et de la patience pour bâtir une vraie vie commune.

Par JESSICA L.

Love story de la Fête des Voisins

J’ai rencontré mon conjoint en 2010 lors de la fête des voisins organisée dans la copropriété.
Je devais partir pour le week-end dans ma famille ce vendredi-là car la fête que je ne loupais jamais (car j’y ai rencontré de nombreux amis) avait lieu auparavant le mard. J’ai donc déplacé mon départ pour pouvoir assister à cette soirée et je l’ai même organisée car la dame qui s’en occupait d’habitude était absente ce jour là.
J’avais donc pour mission d’accueillir les voisins lors de leur arrivée dans la cour. En fin de soirée, j’ai eu la chance de rencontrer T… un locataire grec qui avait pourtant fait exprès de rentrer tard de chez un collègue pour éviter d’être présent à notre évènement.
Après quelques verres, nous avons échanger nos numéros de téléphone et nous nous sommes revus après mon retour de week-end.
Tout aurait pu être différent mais le destin en a décidé autrement.

Par Marie-Eve H.

LeBonVoisin

Locataire en copropriété, je croisais de temps en temps l’un de mes voisins. À chaque fois, je le voyais, le même grand sourire, me tenir la porte ; j’écoutais son « bonjour » enthousiaste. Au fil du temps, nous échangions quelques banalités : « Il ne fait pas trop froid chez toi ? », « Ça va, pas trop dure, la journée ? ». Peu à peu, je sentais son regard changer, devenir un peu charmeur ; je percevais chez lui une petite envie de faire plus ample connaissance, si vous voyez ce que je veux dire…

De mon côté, je tenais à ce que la relation avec celui qu’on appellera Mr V.. reste strictement voisine. Je craignais de le croiser tant cela devenait gênant. J’en étais même arrivée à regarder à travers le judas avant de sortir, pour être certaine de pouvoir me faufiler vers l’extérieur comme une petite souris.

Un beau jour, il était venu pour moi le temps de déménager. Je commençais à faire le tri : quoi garder, quoi vendre. Hop, le matelas : à vendre ! Je poste une annonce sur Leboncoin et j’affiche, dans l’immeuble, une photo de l’annonce avec mon nom et mon étage.

Quelques jours plus tard, je reçois un message sur Leboncoin : une personne est intéressée. Après quelques précisions, l’acheteur décide de passer récupérer le matelas. La veille du rendez-vous, je lui transmets mon numéro de téléphone pour qu’il m’appelle à son arrivée.

À 11h, pas d’appel… mais on sonne à la porte. C’est Mr V…
– « Salut, ça va ? Tout va bien ? », lui ai-je demandé,
– « Hello, ça va et toi ? Oui, tout va bien, je viens chercher le matelas ! »
– « Pardon ? Je… je ne comprends pas. Leboncoin, c’est toi ? »
– « Oui, oui, c’est moi. Il était temps que je change de matelas, j’ai vu ton annonce ! »

J’essaie de rester impassible et de conclure rapidement, même s’il cherche la conversation.

Deux jours plus tard en sortant, avec étonnement, je retrouve mon matelas posé contre le mur… C’est le jour des encombrants. Ce même jour, je reçois un message de Mr V.. :
« Hey merci encore ! C’est top, on a pu échanger nos numéros de téléphone. PS : Je voulais juste te dire que je te trouve très jolie… ».

Par Ghizlane A.

Tous les chemins mènent à Rome

En notre qualité de syndic, nous mandatons une entreprise sur une résidence afin de réaliser une intervention au niveau des canalisations. Pour l’instant, rien d’anormal me direz-vous, d’autant plus que l’intervention se déroule très bien et le problème est résolu très rapidement.
Voilà que plus tard, un résident nous signale, qu’au cours de l’intervention, un objet a été retrouvé dans une bouche d’égout de la résidence. Il s’agissait d’un dentier ! Oui oui, un dentier ! Le voisin l’a récupéré, nettoyé et désinfecté. Il a ensuite posté une annonce d’objets trouvés dans le hall d’immeuble.
Quelques heures plus tard, la propriétaire édentée a pu le récupérer. Elle a alors expliqué, que la nuit d’avant, elle s’était prise de maux d’estomac, avait vomi dans la cuvette WC et perdu son dentier qui était parti dans les profondeurs des canalisations, lorsqu’elle a tiré la chasse d’eau.
Et comme toutes canalisations mènent à une bouche d’égout : La propriétaire a pu remordre la vie à pleine dent !

Par Actia C.

Coin-Coin

Je suis syndic d’une copropriété à Mérignac dans laquelle il y a un étang avec des canards. Un été devant la prolifération de canetons, les copropriétaires m’ont demandé de les donner contre bons soins.
J’ai appelé la mairie afin d’en faire don pour un parc public, en vain.
J’ai fini par mettre une annonce : « Donne canards vivants, contre bons soins », à venir chercher sur la commune de Mérignac. En 30 minutes, ma messagerie était pleine de messages de chasseurs intéressés pour leur tonne de chasse.
Rendez-vous pris avec 2 chasseurs en fin de journée. Malheureusement les 2 chasseurs sont arrivés avec du matériel sous dimensionné pour la taille de l’étang. Ils ont donc terminé en slip dans l’eau jusqu’à mi-cuisse à courir après les canards et moi, cachée sous les arbres, de peur qu’un copropriétaire ne me voit avec ces 2 hommes à demi nus !
J’ai appelé ma présidente du CS alors âgée de 82 ans qui était bien contente de se rincer l’œil !

Par Actia C.

Des murs chargés d’histoire

Aprés avoir fait l’acquisition d’un appartement dans une copropriété nous avons engagé quelques travaux de rénovation. Lorsque nous avons retiré le papier peint, avec une émotion toute particulière nous avons découvert sur nos murs plein de mots d’amour des anciens propriétaires, des dates, des codes, etc… En bref ces travaux nous ont réservé de bien belles surprises, car c’est carrément un roman d’amour qui reste à tout jamais gravé dans les murs de notre logement. En laissant leur passage de cette maniére, on est en droit de se poser la question de savoir si il ne s’agissait pas là d’une liaison extra-conjugale secrète. Très romantique n’est-ce pas…!

Par cathy P.

Les myrtilles

J’habite la résidence des myrtilles sur la Côte d’Azur. C’est une copropriété paisible dont le rez-de-chaussée abritait des commerces en 1999, l’année de mon arrivée. Commerçants et résidents vivaient en fort bon voisinage. Puis, en 2005, le conseil syndical a décidé de la sécuriser en faisant installer un portail flanqué d’un portillon. Dès lors la fréquentation des commerces déclina et tous finirent par jeter l’éponge à l’exception de VisioMyrtilles qui devint le dernier vidéo-club de la ville et peut-être de France à louer des cassettes VHS pour magnétoscopes. La gérante, Sylvie, tint quelques mois devant cette nouvelle configuration d’accès aux Myrtilles qui s’ajoutait à l’inéluctable vague numérique des DVD. Comment était-elle devenue gérante d’un vidéo-club ? Eh bien, laissons-lui la parole.

” Moi j’aurais voulu être actrice. Mais j’ai pas pu. A cause des dents. Les actrices elles ont les dents très très très blanches ! Mais attention ! Pas n’importe quel blanc : blanc-cinéma. C’est un blanc spécial, éclatant. Moi, j’appelle ça le ciné-cheese ! Mes dents elles sont très bien, n’allez pas croire, je les brosse comme il faut, plusieurs fois par jour avec trois dentifrices différents pour être sûre. Et puis je fume pas, pas de café, pas de thé. Alors mes dents elles sont super blanches, mais pas ciné-cheese. Comme vous me voyez là vous diriez c’est une actrice, elle a un sourire de cinéma. Merci ! Mais faut pas se fier aux apparences. Quand Alex me filme, on voit bien que c’est pas ça. Et pourtant c’est qu’un tout petit écran avec pas beaucoup de pixels. Mais ça suffit pour voir que c’est pas un sourire d’actrice. On n’y croit pas. Un sourire d’actrice impressionne la pellicule ou les capteurs d’une façon spéciale. Le mien n’impressionne qu’Alex. Peut-être que pour un troisième rôle, dans une petite série pour la télé, ça irait quand même. Mais moi, c’est tout ou rien! Les rôles où on peut se passer d’un sourire spécial, ça ne m’intéresse pas, j’aurais pas l’impression d’être vraiment actrice. Le ciné-cheese c’est comme un don, on l’a ou on l’a pas. Faut savoir renoncer à ses rêves. C’est ça être fort. C’est de Nietzsche. Lui il a pas renoncé. Il est mort debout comme on dit. Il a fini frappadingue. A quoi ça tient un cerveau! Alex, lui, il est pas fou, il livre des pizzas pour Vroum Vroum Pizzas. C’est pas terrible comme job. D’ailleurs on dit pauvre comme un job. Mais c’est en attendant. Il aurait pu être acteur lui, il a le ciné-cheese mais le cinéma ça lui dit rien. Il préfère ses pizzas. En fait, il est content de son sort. C’est ça être fort. Comme les Grecs. Ils étaient comme ça les philosophes grecs, ils attendaient que ça arrive, n’importe quoi, puis ils disaient c’est bien. Pour Alex c’est pareil, tout est toujours bien à condition que ça n’arrive pas trop vite. Il a le sens du temps. Pour livrer ses pizzas il se presse pas, en plus il respecte le code de la route, du coup il croule pas sous les pourboires. Mais il s’en fout, il est pas matérialiste. C’est pour ça que je l’aime. On va se marier. Enfin, plus tard. En attendant il fait le Grec. Moi non plus je suis pas pressée. Quand on se marie c’est pour faire plein d’enfants. Pour l’instant on en a qu’un. Marion. Chou comme tout elle est ! Je sais pas encore si elle a le ciné-cheese, il lui manque trop de dents. Des enfants j’en veux encore trois ou quatre. Ils feront ce qu’ils voudront. Je les pousserai ni devant la caméra ni dans les pizzas. Faut pas forcer les gens. Alex, je le force pas à arrêter d’attendre. Du moment qu’il attend avec moi, je suis contente. Les pizzas c’est une bonne expérience et puis c’est un métier noble, comme charpentier ou facteur ou boulanger. Mon avenir professionnel, c’est pas la grenouille en haut de l’échelle ! Le vidéo-club, je crois qu’on est le dernier de France. Mais le patron s’en fout, il a du fric et il fait ça parce que ça l’occupe. Son film culte c’est Jurassik Park, le tout premier. C’est un des films DVD qu’on a le plus loué. Moi j’aimais bien le tyrannosaure, celui qui bouffe le type dans les WC. Lui il avait le ciné-cheese ! Des dents partout, on voyait que ça, même qu’Alex trouve que trop de dents tuent les dents. Moi après avoir vu le film, j’avais peur d’aller aux toilettes. Alex avait beau m’expliquer qu’un tyrannosaure il rentrerait même pas sa tête dans le salon tellement chez nous c’est petit, alors dans les WC je risquais vraiment rien. Comme si je le savais pas ! La peur ça se commande pas et un Tyrannosaurus Rex, avec sa grosse tête, ça fait peur parce que ça renvoie à des séquences archaïques de notre inconscient. D’ailleurs les fœtus aussi ont une grosse tête. Moi j’aimais bien mon job pour son côté psycho-relationnel. Aujourd’hui je fais surtout la poussière! Et puis c’est au vidéo-club qu’Alex et moi on s’est rencontrés. J’avais commandé une Margharita et quand il est arrivé avec une Calzone toute froide, j’ai compris que c’était l’homme de ma vie. Moi je suis positive. J’aime regarder des films sur la vie des profondeurs. Les poissons, tout ça. C’est fou ce que ça me détend. Parce que l’eau ça nous renvoie au stade intra-utérin. Alex il dit que tout ça c’est des conneries. Je suis pas d’accord et c’est très bien parce qu’un couple qui est toujours d’accord sur tout c’est qu’il y en a un des deux qui prend sur lui et un jour il explose et le couple avec, ou alors à force de se taire il fait une déprime puis un cancer. Alex et moi on est rarement d’accord, ça prouve qu’on a une relation équilibrée au sein du couple où chacun peut s’exprimer et même quand on aura plein d’enfants, tout le monde pourra s’exprimer au sein de la famille sauf les gros mots parce que ça je supporte pas et Alex non plus, là-dessus on est d’accord et c’est bien, parce qu’au sein du couple il faut un consensus pour l’éducation des enfants. De toute façon, Alex est pas du genre à vouloir imposer ses idées. Si le client hurle parce la pizza est froide alors qu’elle est tiède, Alex dit OK OK OK, pas de souci. Il aurait fait un bon psy, il est à l’écoute, il laisse causer. Si tout le monde était comme lui on boufferait froid, mais y aurait plus de guerres, entre les deux y a pas photo.”

C’était Sylvie, gérante regrettée du regretté VisioMyrtilles.

Par JOEL B.

Le paillasson

Dans notre immeuble en copropriété, tous les occupants ont un paillasson devant la porte d’entrée de leur appartement sauf Mme L., car selon elle ça attire la poussière. Un jour, un joli tapis neuf est apparu devant sa porte. Elle l’a enlevé. Le lendemain, il était revenu. Pendant une semaine, elle l’a déplacé, il revenait toujours. Elle a fini par coller un post-it où il était écrit : “Ce tapis n’est pas à moi, merci de l’enlever”. Le lendemain, un nouveau post-it était là écrit : “Peut-être que le tapis vous a choisi ?” Après plusieurs allers retours, elle a abandonné. Aujourd’hui, le tapis est toujours là devant la porte de Mme L., avec des petits mots sympathiques des voisins.
Le paillasson est devenu la mascotte de l’étage.

Par angélique n.

Le veilleur

Je ne l’avais jamais rencontré. C’était mon voisin d’en face, un étage au-dessus du mien. Mais quelque part, je le connaissais. Il était mon horloge. Pendant six mois, chaque soir à 21h00 précises, sa lumière faisait flash. Un seul.

Un soir, 21h00, rien. Le silence dans sa fenêtre, après tant de constance, était dérangeant… Après quelques minutes d’attente et d’hésitation, j’ai traversé la cour, monté les escaliers de son immeuble et j’ai toqué. Le vieil homme m’a ouvert.

« Excusez-moi », ai-je bafouillé. « Je voulais juste m’assurer que tout allait bien. La lumière… »
Un léger sourire a éclairé son visage.
« L’ampoule a grillé. »
Soulagé, je m’apprêtais à repartir, mais j’ai quand même osé.
« Mais… pourquoi vous faites ça tous les soirs ? »
Il a tourné la tête et a pointé son menton vers une fenêtre de mon propre immeuble.
« C’est pour l’homme du quatrième. Il est alité. Il ne quitte plus sa chambre. »
Un silence.
« C’est juste pour qu’une fois par jour, il sache que quelqu’un pense à lui. »

Ce soir-là, j’ai compris. Les conversations les plus importantes de notre copropriété se tenaient dans le plus grand des silences…

Par Sofien B.

Coup de foudre

Je venais d’acheter mon appartement, j’avais 24 ans.
Je ne connaissais encore personne dans l’immeuble. Je suis partie 1 semaine en vacances chez mon grand-père et en revenant j’ai eu la mauvaise surprise de constater de l’eau qui coulait du plafond. J’ai été voir chez le voisin du dessus qui louait l’appartement, personne ne répondait. Je mets un seau pour l’eau qui continue de couler. J’appelle le syndic qui prévient le propriétaire du logement. Quelques jours plus tard, je reçois la visite d’un jeune homme, celui-ci me dit qu’il revient de mission (il est gendarme) et va appeler le plombier pour réparer la fuite. Quelques jours plus tard, l’eau ne coule plus….Il repasse me voir pour savoir si la fuite n’a pas trop fait de dégât….et m’invite à boire un verre pour s’excuser….Depuis on ne s’est plus quitté….

Par cathy P.