Surélever ?

A l’assemblée générale annuelle qui se déroula peu après la visite de l’architecte, j’annonçai la bonne nouvelle : on pouvait envisager de surélever l’immeuble et, grâce à la richesse créée, isoler correctement cette pauvre construction qui grelottait sous le froid de l’hiver et transpirait sous la canicule. Sur les visages des copropriétaires, se peignit d’abord la stupeur. Puis cette expression ennuyée, légèrement craintive, que l’on prend devant une personne complètement siphonnée. Le sentiment général fut que je préconisais un effondrement de l’immeuble. Le bien acquis par chacun, à coups de privations et d’économies, allait être englouti sous les décombres. Je ne jouissais pas de toute ma raison, sans doute. Le syndic consigna poliment, dans le procès-verbal de l’assemblée générale, que les copropriétaires avaient entendu une communication sur la surélévation et l’isolation et qu’il avait été décidé de ne pas y donner suite.
Je rendis néanmoins visite, à la Mairie, à l’adjoint chargé du logement, pour tenter de lui faire partager mon enthousiasme. Il prit un air rêveur et, quelques semaines plus tard, m’envoya un courriel lugubre : il avait consulté un sien ami, architecte, qui lui avait déclaré que les surélévations étaient considérées comme dangereuses, de nature à compromettre la solidité des constructions. On avait signalé des fissures considérables dans certains immeubles qui avaient cru faire des miracles. Les assurances avaient refusé de couvrir les dégâts. Les malheureux suréleveurs avaient été condamnés à payer jusqu’à la fin de leur vie les dommages qu’ils avaient causés. Dans ce contexte, il croyait devoir me suggérer de ne rien faire et de ne pas m’obstiner dans mon projet.

Florence C

Par Contributeur D.

Réveil pieds dans l’eau

Un matin dés 9 heures Mr O propriétaire d’un studio en Résidence de loisirs sur la commune de MANDELIEU, joint par téléphone Mr H le gestionnaire de la copropriété.

Il l’informe qu’en allant prendre sa douche, il a constaté une présence anormalement importante d’eau au sol de sa salle de bains et qu’en portant son regard au plafond, apparaissait un impressionnant goute à goute à l’emplacement du luminaire.

Immédiatement Mr H demande à son interlocuteur si il a pris soin de se rapprocher de l’occupant de l’appartement de l’étage supérieur.

Mr O répondant par la négative, aussi le gestionnaire lui reprocha tout naturellement de ne pas prendre l’initiative de monter d’un étage, afin de déterminer avec son voisin l’origine de ce sinistre DDE, alors que vraisemblablement il est comme de nombreux internautes, en relation avec des individus à l’autre bout du monde.

Par Clara C.

Moi, syndic ?

Je m’ouvris de mes difficultés à un personnage, que j’entretenais, de loin en loin, de mes tentatives. « Eh bien, me dit-il un jour, avec le ton que Napoléon devait employer avec ses soldats sur le pont d’Arcole, changez de syndic ! ».
Ah, c’était simple, vraiment ! Changer de syndic. En trouver un autre. Et où le trouver ? Cet organisme associatif pouvait peut-être m’aider ? Je pris donc rendez-vous auprès de la permanence juridique de l’association, un jeudi matin (encore une demi-journée de congé annuel consommée…). Plusieurs permanenciers recevaient, dans de petits bureaux à peine isolés, des copropriétaires qui composaient tout l’arc-en-ciel, toutes les nuances, toute la palette du désarroi. Certains portaient avec peine un épais dossier dont s’échappaient factures et lettres recommandées. D’autres se présentaient timidement, verbeusement, confusément, profusément, à tel point qu’il était difficile de deviner par quel bout l’on pouvait commencer à remonter le fil du problème qu’ils étaient venus raconter. D’autres encore, en habitués, décrivaient avec concision la difficulté à laquelle ils étaient confrontés. Le ou la permanencier(e) écoutait, prenait des notes, consultait des classeurs de textes juridiques, de documents de jurisprudence, d’articles de revues spécialisées, et délivrait son oracle. J’attendis mon tour. Au bout de peu de temps, je fus reçue par un juriste d’une quarantaine d’années, aux cheveux précocement blancs, nommé Mr L..
Quand je lui expliquai la raison de ma visite (« Euh… Je cherche les coordonnées d’un bon syndic »), une franche hilarité se peignit sur son visage. « Chère Madame…. ». En proie au fou-rire, Mr L. ne parvenait pas à reprendre son sérieux. Toute la matinée, il recevait des copropriétaires anxieux, tremblants, exaspérés, maladroits, révoltés, victimes d’agissements léonins, illégaux, hors de prix, ou marqués simplement par la mauvaise qualité du service rendu, de la part du syndic A, du syndic B, et ainsi de suite jusqu’à la fin de l’alphabet. Les bons syndics étaient rares. La plupart d’entre eux faisaient « rentrer » le maximum de copropriétés dans leur portefeuille et, évidemment, n’avaient pas le temps de s’occuper correctement d’autant d’immeubles. Evidemment. Ils se penchaient, un peu, sur celles où le conseil syndical gigotait. Réparer, mettre les fournisseurs en concurrence, rechercher l’efficacité énergétique, régler les problèmes d’eau ? « Mais, Madame, ils n’ont pas le temps ! Ça prend un temps fou, ces petites choses ! » Il riait, Mr L., et de bon cœur, devant mon ingénuité.
Quand il eut recouvré son calme, il fit pivoter son fauteuil pour prendre un dossier derrière lui et, sans me regarder, me dit :
– Et pourquoi ne deviendriez-vous pas syndic bénévole ? Votre immeuble compte 22 lots. Ce n’est pas la mort d’un homme. Encore moins d’une femme », ajouta-t-il en faisant de nouveau pivoter son fauteuil.
Il me regardait, sérieux et gentil, comme un dentiste qui s’apprête à extraire une dent douloureuse.
-D’après ce que vous me dites, vous consacrez plus de temps à essayer de forcer le syndic à faire des choses qu’à les faire vous-même. Et vous êtes quand même obligée de les faire, ces choses, parce que lui ne les fait pas, ne veut pas les faire, ne les fera jamais. Et en plus, il vous parle mal, si j’en juge par les courriels que vous venez de me montrer (je lui avais en effet apporté quelques échanges récents, où le ton du syndic, de rogue, était devenu franchement déplaisant).
– Mais je n’y connais rien ! bredouillai-je. Je ne sais pas tenir une comptabilité, je ne saurais pas comment contraindre un copropriétaire mauvais payeur à acquitter sa part de charges, je ne suis pas juriste, je ne suis pas chauffagiste…
-Nous sommes là pour vous aider, objecta-t-il. Personne n’est omniscient. Le plus délicat, c’est de se lancer. Ensuite, vous verrez – il dessinait avec ses mains un mouvement de roulis -, ça se met en place, ça s’installe dans les habitudes. Vous avez un conseil syndical qui vous soutient, je crois. C’est une condition essentielle. Le travail en lui-même n’est pas d’une complexité folle. Vous le faites déjà.
Moi, syndic ?
J’avais le mal de mer.
-Moi, syndic ? articulai-je faiblement.
-Vous.
-Mais… on a le droit, légalement ?
– Très bonne question. Article 28 du décret n°67-223 du 17 mars 1967 pris pour l’application de la loi n° 65-557 du 10 juillet 1965 fixant le statut de la copropriété des immeubles bâtis. Modifié par le décret n°2004-479 du 27 mai 2004 en son article 17, paru au Journal officiel de la République française du 4 juin 2004 (il récitait à voix haute). Ouvrez les guillemets : « … les fonctions de syndic peuvent être assumées par toute personne physique ou morale. » Vous pouvez parfaitement être le syndic bénévole de votre copropriété, si vous le décidez et si les copropriétaires vous élisent. Car il faut un vote en AG, bien sûr. »
Je ne sais plus comment se termina ce premier entretien. Je crois bien que j’invitai, ou plutôt que je demandai, à Mr L. de bien vouloir venir prendre un café avec moi, car j’étais en état de choc.

Florence C

Par Contributeur D.

Un mal pour un bien

Dans les immeubles anciens si l’installation électrique des appartements n’est pas toujours de la première jeunesse, généralement la colonne montante électrique située en parties communes assurant leur alimentation est le plus souvent vétuste, voir même dans certains cas à l’origine d’un départ d’incendie en parties communes.
C’est donc pour cette raison que les copropriétaires d’un immeuble Rue Boileau 69006, ont voté en 2015 les travaux de réfection de la colonne montante électrique en hors concession et ont confié la réalisation de cette opération à l’entreprise F.
A la suite de l’avis favorable émis par ENEDIS sur le projet déposé auprès de ses services par l’entreprise d’électricité F., puis la réunion de mise au point technique sur site, une date de consignation pour coupure générale d’électricité a été fixée par ENEDIS.
Ainsi l’équipe des techniciens de l’entreprise F. a été en mesure, de basculer l’alimentation générale sur la colonne électrique provisoire et de déposer l’ancienne colonne.
A la suite des 8 semaines de travaux et la réception par ENEDIS du nouvel ouvrage réalisé, l’entreprise F. lors d’une seconde consignation a procédé au raccordement progressif et définitif de la dizaine d’appartements, des 2 commerces en rez de chaussée et des parties communes.
Si tout paraissait parfait, ça n’a pas été le cas pour Mme Mr H. locataires, qui en revenant à leur domicile après leur journée de travail, ont constaté la détérioration de plusieurs équipements, réfrigérateur, groupe VMC, box, ordinateur.
A l’origine de ces dégâts matériels pour ce seul appartement dont l’installation électrique était en triphasé, c’est juste l’inversion lors du raccordement sur le nouveau coffret de distribution d’étage d’une phase avec le neutre, qui a provoqué une surtension de 380 volts.
L’expertise ayant mis en cause la responsabilité de l’entreprise F., dans le cadre d’un dédommagement par les assureurs, Mme Mr H. ayant pu renouveler leur matériel HS, ont retrouvé le sourire.
Parfois le bonheur surgissant où on ne l’attend pas, il s’agit bien là d’un mal pour un bien.

Florent P

Par Contributeur D.

Faire des bonds

L’établissement des documents comptables que sont les appels de charges me donna du fil à retordre. L’expert-comptable que m’avait recommandé l’Association des Responsables de Copropriétés, Mr H., était compétent et affable. Sa tête ronde, plus encore que son nom patronymique, son pantalon de velours côtelé et son pull marin, trahissait le vrai Breton. A ses côtés, travaillait Mme V., une élégante jeune femme que j’ai vue, en un an, fléchir sous la charge de travail. Comme souvent, le titulaire de l’expertise donnait un cadre et des références, et la tâche quotidienne était accomplie par sa collaboratrice. C’est donc essentiellement avec Mme V. que je fus amenée à nouer des contacts.
« La comptabilité est un langage », m’expliqua placidement Mr H. lorsque nous eûmes notre premier entretien. Je m’aperçus très vite que c’était effectivement du chinois. En comptabilité, les conventions ne sont pas les mêmes que dans la vie ordinaire. Une somme qui entre dans les fonds de la trésorerie – une recette donc – peut parfaitement se trouver affectée d’un signe négatif. + 1 000 € deviennent ainsi – 1 000 €. Aucun sadisme ne préside à cette inversion des signes : c’est, tout simplement, le plan comptable général, arrêté par les instances réglementaires et professionnelles, qui décide de ces conventions, au moins pour la France et pour l’Union européenne ; car, outre-Atlantique, les conventions peuvent être différentes.
Moi, je faisais les écritures primaires : je consignais dans un cahier à carreaux tout ce qui entrait dans la caisse de la copropriété et tout ce qui en sortait, en conservant soigneusement les factures. Ces données brutes étaient ensuite moulinées par un logiciel qu’avait mis au point Mr H., avec l’aide de l’un de ses neveux, informaticien de son état. Ce logiciel, résultat de plusieurs années de travail, le remplissait de fierté, et je dois dire qu’il y avait de quoi : car, à la fin de l’année, au lieu des infâmes tableaux illisibles du syndic, l’application informatique crachait de fort jolis états récapitulatifs, les fameux « états comptables « exigés par le décret n°2005-240 du 14 mars 2005 relatif aux comptes du syndicat des copropriétaires. L’on parvenait à y comprendre quelque chose même quand on n’était pas comptable de profession.
Seulement… une copropriété est un ensemble de spécifications minuscules, ce dont on ne s’aperçoit pas au début. On croit qu’on est clair, et on ne l’est pas du tout. J’avais bien sûr remis à Mr H. et à Mme V. l’état descriptif de division contenu dans le règlement de copropriété des Pommiers : chaque lot (appartement, commerce, garage, cave) s’y voyait affecté un nombre précis de tantièmes ; on dit parfois aussi millièmes, ou dix-millièmes. Ces tantièmes n’avaient pas varié depuis la construction de l’immeuble. Mais des malentendus ne tardèrent pas à apparaître : par exemple, il y avait garage et garage. Certains copropriétaires disposaient d’un parking extérieur, et d’autres d’un box intérieur. Il n’était pas juste que les propriétaires d’un parking extérieur participent à l’entretien du volet roulant qui protégeait l’accès du garage intérieur où se situaient les boxes. Ce n’est qu’un exemple. Faute d’avoir clarifié d’emblée ce point, et d’autres de la même engeance perfide, car j’étais tellement débordée que je n’y avais pas pensé, des erreurs se glissèrent dans les premiers appels de fonds. Elles étaient petites, mais multiples. Je faisais des bonds en recevant les projets d’appels de fonds que m’envoyait par courrier électronique Mme V.. Il nous fallut à peu près trois appels de fonds, donc trois trimestres, pour bien nous caler mutuellement et éviter les chausse-trapes. En attendant, j’avais des sueurs froides chaque fois qu’il fallait renouveler l’exercice. J’ai passé des heures à vérifier des colonnes de chiffres. A la fin, mes yeux se brouillaient, je n’avais plus aucune distance et laissais passer des erreurs de débutant(e). Mme V., de son côté, qui faisait de son mieux, cédait parfois au découragement quand elle devait rectifier, pour la troisième ou quatrième fois, tel ou tel montant, sachant qu’un changement dans un seul document nominatif entraînait un changement dans tous les autres.

Florence C.

Par Contributeur D.

Rien ne se passe depuis 5 ans..

-Histoire hors Concours-
Hier soir à l’AG ordinaire, le Conseil Syndical a décidé d’y proposer un changement de syndic car rien ne se passe depuis 5 ans sur le sujet du ravalement de façade ! Mais que fait le syndic ?… 😉
En effet, des 1ers éclats de béton se voient ou même tombent de la façade. Même si le bâtiment est assez récent, et la façade en assez bon état, le CS est sur le coup depuis 5 ans.

Il y a 6 ans, un audit énergétique non obligatoire a été voté en AG, et réalisé l’année suivante en 2018. Sa restitution se réalise en CS chez le syndic, puis en AG mi 2019 avec 2 scenarii de rénovation globale proposés, avec atteinte pour au moins l’un d’entre eux, du minimum pour obtenir des subventions, sans compter toutes les autres améliorations qu’ils permettent (confort, patrimoine, impact, …).
En tant que copropriétaire mais aussi professionnel de la gestion de projets de rénovation en copropriété, j’interviens à cette AG pour informer des étapes suivantes d’un éventuel projet, des acteurs à contacter pour obtenir plus d’informations afin d’étudier sérieusement le scenario intéressant le plus de copropriétaires, et des subventions existantes. Je propose de bénévolement participer à la prochaine réunion du CS afin de rentrer plus dans les détails et d’élaborer ensemble les résolutions nécessaires à la prochaine AG pour approfondir les 1ers diagnostiques de l’AUDIT.
Je participe finalement à 2 réunions de CS pour en discuter, notamment pour soutenir une membre qui avait vu l’intérêt d’étudier global avant de restreindre à un type de projet de ravalement. Les réactions classiques de mes voisins découvrant ce type de projets ne se font pas attendre : “mais qui dit que nous aurons réellement ces aides”, “c’est trop cher, faisons un ravalement simple et n’en parlons plus”, “tout ça c’est des projets pour payer des honoraires en plus au syndic” et bien d’autres. La seule motivée pour étudier globale était marginale. Ensuite plus rien malgré mes relances, plus de réponses du CS.

A l’AG suivante en 2021 après COVID, un devis de ravalement simple est proposé au vote par le CS …. surprise !
Je me fais donc fort d’y être présent afin de soulever la question : quid de l’avis de la majorité des copropriétaires ?… alors que nous avons payé un audit qui nous dit que de fortes améliorations sont possibles à l’occasion d’un ravalement… . Quid du vote d’une MOE ( maitrise d’œuvre) pour étudier plus de détails et se faire une meilleure idée ?
Le débat s’organise en pleine AG (comme souvent malheureusement dans cet organe de décisions…), les fausses ou incomplètes informations du CS fusent sur ce sujet complexe de la rénovation énergétique (RE). Visiblement la plupart des membres du CS ont fait leurs choix, sans consulter les voisins qui payent aussi et ont un pouvoir souverain, et ils ne souhaitent pas payer une RE. Je me fais fort de tenter de corriger, compléter les informations et surtout de consulter les autres : “et les autres qu’en pensez vous? que souhaitez vous étudier ?”
Un bon tiers des présents à cette AG expriment leurs besoins de mieux étudier la question, avant de se lancer dans un ravalement simple. Nous demandons alors au syndic de consulter des MOE pour obtenir des devis pour l’AG suivante, en vue de lancer une étude de projet plus global qu’un ravalement de base.

L’année suivante, l’AG se tient avec des devis de MOE indiquant l’étude restrictive de 3 ou 4 travaux précis (ravalement simple, ITE, ventilation, étanchéité)… pas une étude globale. Je ressers la même soupe : “qu’en penses les autres qui avaient exprimé leur intérêt d’une étude globale?”.
Réponse des certains membres du CS : “mais non, mais c’est trop cher, des gens ne pourront pas payer, et puis c’est pas intéressant de faire ce que préconise l’audit, et puis étudier global cela va couter plus cher,…etc.”. J’enchaine : “Alors combien coute une RE ?”. Réponse CS : “cher, on ne sait pas, en plus l’audit est vieux et les prix travaux ont bien changé, ce sera trop cher, …etc”. Je tiens bon : “et les autres, vous en pensez quoi?”. Les autres copro.: “on aimerait en savoir plus ! Combien cela couterait exactement, quelles subventions, combien de temps, … etc”.
Du coup je leur propose un compromis : voter la résolution MOE proposée mais avec une évolution. Le syndic demande une mise à jour de devis MOE pour étudier globalement la question, ce qui permet d’obtenir une subvention de la métropole sur cette étude plus onéreuse. Et pour répondre à leur besoin de garantie des subventions, je leur propose d’ajouter dans le PV d’AG une clause suspensive : “lancement de l’étude que si le montant d’étude globale mois les aides est égal ou inférieur au devis étude restrictive”.

6 mois plus tard, après relances du syndic et du CS pour faire un point sur l’avancement de cette consultation, nouvelle AGextra début 2023 de rattrapage de retard sur la clôture des comptes clause covid. Résolution de vote : “travaux de ravalement simple”…. .
En effet, les devis MOE d’étude globale reçus étaient apparemment supérieur aides déduites aux devis d’étude restrictive. La clause s’applique, rien n’est lancé.
Le CS : “c’est de votre faute Monsieur, vous avez mis cette clause et rien ne s’est lancé”…. . Aider les autres… c’est pas tous les jours faciles… 😉
De nouveau : “et les autres copro, qu’en pensez vous ?”. Réponse : “on souhaite faire un étude globale”.. .
Le syndic propose alors de mettre en place une commission rénovation afin de mieux s’entendre sur le sujet, et formalise au PV d’AG un appel à manifestation d’intérêt auprès de tous les copropriétaires. Par ailleurs, nous réussissions à nous entendre sur un appel d’offres MOE à tiroirs pour la prochaine AG afin de voter soit un ravalement simple, soit une étude restrictive, soit une étude globale.
2 mois plus tard après 2 ou 3 relances du syndic et du CS, l’appel à manifestation d’intérêt pour rejoindre la commission est enfin envoyé aux copropriétaires…. puis plus rien malgré relances…. jusqu’à l’arrivée de la convocation de la nouvelle AG mi 2023… Je vous le donne Emile…

Voila donc qu’hier soir, moi simple propriétaire d’un garage dans cette résidence (et oui), je reprends mon bâton de pèlerin (ou lance de Don Quichote comme vous préférez) et me rends à cette nouvelle AG pour remuer la soupe qui se refroidissait à nouveau, sous le souffle…. du syndic. Ba oui !? Tout ça c’est la faute du syndic qui est payé pour .. faire quoi d’ailleurs?… .
Du coup, le CS dans son rapport annuel : “non, on a rien de spécial à dire, nous n’avons rien préparé, et il n’y a rien de particulier. Si, le changement de syndic : au vu des difficultés de liaisons de nous subissons avec le syndic qui nous impose des changements de gestionnaires peu disponibles, et que des sujets comme le ravalement de la façade qui n’avance pas depuis 5 ans, nous avons rencontré d’autres syndics et avons décidé d’une autre régie. Elle est beaucoup plus petite, le Monsieur que nous avons rencontré a 50 ans et beaucoup d’expérience, très réactif quand nous l’avons téléphoné, …. etc.”. Moi open au changement (ou non), j’écoute, laisse les autres copro questionner le CS sur leur consultations de syndics. Et puis je ne peux m’empêcher de poser 2 questions : “pour la réactivité et dispo., combien de copropriétés notre gestionnaire gère-t-il ? Que pense le gestionnaire rencontré de la rénovation énergétique et quelle expérience de ce type de projets a-t-il?”. Réponse CS : “on ne sait pas combien, et il a beaucoup d’expériences en ravalement de façade, ils en ont géré beaucoup”…. . Bien emmanché tout cela… 😉
OK soit ! On vote CONTRE la reconduction de l’ancien, et pour le nouveau syndic … proposé… par le CS.

Le futur ex syndic reste secrétaire… et au final aussi président animateur de séance d’AG (vu la brillante absence du président de CS à la présidence de séance…. mais ça, c’est une autre histoire de compétences sur le qui fait quoi)… poursuit avec légèreté et bienveillance le vote des résolutions suivantes.
Vient la résolution de principe sur l’avis des copropriétaires au sujet de l’étude d’un ravalement simple et d’un projet global. Je vous le donne Émile : cela nous a pris 30 min, sur une AG de 1h30 de changement de syndic, pour réussir à “voter” combien préférait aller sur lequel des 2 choix… . Tu m’étonnes, 5 ans …. c’est la faute du syndic.

Nous voila aujourd’hui, après 5ans où rien ne s’est passé, avec un nouveau syndic… et tout va forcément aller beaucoup mieux pour décider ensemble…. du ravalement !

Par Denis V.

Vue panoramique à 360°

Dans l’ouest Lyonnais, Mr T. copropriétaire occupant un appartement au dernier étage d’un immeuble de bonne qualité, insatisfait de la vue que lui offrait son balcon, sur la ville de LYON, s’est autorisé de manière la plus singulière à installer des chaises longues sur la toiture terrasse inaccessible de l’immeuble.

Interrogé sur sa démarche surprenante, Mr T. s’est tout simplement contenté de répondre que son installation lui avait permis de mieux apprécier le feu d’artifice du 14 Juillet, tiré depuis la colline de FOURVIÉRE.

Si l’auteur de cet acte à la fois dangereux et illicite a engagé sa responsabilité, au regard des dispositions relevant de l’utilisation des parties communes il en reste pas moins répréhensible.

Sabrina B

Par Anonyme A.

Incompétence s’abstenir

Nous sommes là en présence d’un immeuble en R+8 des années 1980/90 à LYON 8iéme, dont l’étanchéité de type membrane EPDM (PVC) de la toiture terrasse en partie accessible, d’une surface globale de l’ordre de 500m2, présente depuis son origine des désordres affectant les 5 appartements de l’avant dernier étage.

Les différentes expertises menées sur la période de 10 ans, durée du contrat d’assurance Dommages Ouvrage (DO), n’ayant donné lieu à aucune solution pérenne, la Régie M. syndic de la copropriété a sollicité les services du cabinet B. maître d’œuvre, pour rédiger le descriptif/quantitatif des travaux d’étanchéité conventionnelle de type bitumineux, avec isolation thermique et lancer la consultation d’entreprises.

Au cours de l’assemblée générale ordinaire la délibération portant sur ce projet d’un montant de 90.000 € faisant l’objet d’un débat, Mr C. copropriétaire bailleur se lève en prenant la parole, pour faire savoir qu’il s’opposait à cette opération et qu’il imposait à la Régie M. de reprendre le dossier avec un autre bureau d’étude, avec qui il est en relation.

Si contre son gré, la régie M. s’est toutefois pliée aux exigences de Mr C. la suite de ce dossier relève de la téléréalité.

À l’assemblée générale suivante les copropriétaires ont voté un budget de 45.000 € sur la base de l’offre moins-disante émise par l’entreprise S. consultée par le nouveau bureau d’études, étant précisé que cette offre faisait état du même type d’étanchéité EPDM déjà défaillant.

Peu après l’ouverture du chantier fin Août est survenu un sinistre DDE, du fait que l’entreprise n’avait pas pris les dispositions d’usage pour maintenir l’ouvrage hors d’eau, qui plus est dans les 12 mois qui ont suivi la réception de l’opération intervenue au bout de 6 mois de travaux, alors que le planning prévisionnel faisait état de 2 mois, sont apparus de multiples infiltrations d’eau, provoquant de nouveaux et importants désordres dans les 5 appartements, contraignant Mme O. locataire d’un appartement T2 au 7iéme étage, à dénoncer son bail pour perte d’usage.

En l’absence de réaction de l’entreprise S. au titre de la garantie de parfait achèvement, une série de réunions d’expertise menée sur plusieurs mois par le cabinet S., a conclu à une réfection complète de l’étanchéité, avec une indemnité de 45.000 € accordée par l’assureur du contrat DO souscrit préalablement à l’ouverture du chantier.

Au regard de cette situation la Régie M. refusant de faire appel une nouvelle fois à l’entreprise S., dont la responsabilité a été reconnue, s’est empressée de remettre à l’ordre du jour d’une assemblée générale supplémentaire l’étude initiale d’un montant de 90.000 €, avec obligation pour le syndicat des copropriétaires de financer le reste à charge de 45.000 €.

Le budget de 90.000 € ayant été voté sans difficulté particulière à l’article 24, les travaux réalisés dans les règles de l’art et les normes en vigueur par l’entreprise S. B., ont donné pleine satisfaction et les appartements sinistrés ont fait l’objet de travaux de remise en état.

Cette histoire démontre à qui sait l’entendre, que l’implication d’un copropriétaire dépourvu de compétence dans la gestion d’un dossier sensible, cherchant avant tout à minimiser le montant de sa quote-part de travaux, présente de réels risques.

Matthieu A

Par Anonyme A.

Ma 1ère Assemblée Générale d’ASL

J’ai emménagé dans un lotissement de 350 maisons individuelles et mitoyennes en 2017, où les gens semblaient courtois et bien sous tout rapport.
L’Association Syndicale Libre qui détient le cahier des charges qui définit les règles d’usage ainsi que les servitudes, a les mêmes prérogatives qu’un syndic de copropriété.
Arrive ma première AG et je me dis que cela serait bien d’y participer pour que je puisse me faire une idée de ce qu’il se passe là où j’ai emménagé avec mon épouse.
Dès les premières minutes de l’AG, les coups bas partent dans tous les sens. Problèmes de voisinage, non respect des règles d’usage et de servitude, des “mots doux” à la présidente de l’ASL et j’en passe…
Au bout de 3 heures d’AG, vient une histoire un peu particulière.
C’est une femme qui intervient pour parler d’un droit de passage entre 2 maisons qui n’est pas un chemin mais tout au plus considéré comme un espace vert. Cette locataire présente dans le lotissement depuis de nombreuses années et ayant systématiquement le pouvoir de son propriétaire, avait envoyé il y a 30 ans moins quelques semaines un courrier pour réclamer la propriété de cette espace vert. L’ASL ayant trouvé cette demande totalement incongrue a précieusement conservé son courrier et les présidents successifs se sont passés la consigne pour ne donner une réponse négative que quelques jours avant la date de la prescription trentenaire.
Résultat des courses, cette personne à vu son plan tombé à l’eau, après quasiment 30 ans d’attente.
Dans cette tentative d’appropriation d’une partie commune du lotissement dont la demande était faite dans l’intérêt exclusif du destinataire, on serait en droit de se poser la question de savoir si au regard de la jurisprudence le silence de l’ALS durant prés de 30 ans n’aurait pas valu acceptation.
Bref, belle première AG qui met bien dans le contexte, étant précisé que les AG suivantes ont été tout aussi compliquées et houleuses….!

Par Michel F.

La gardienne habite au 7iéme

Les hommes en noir quittaient la loge. L’exiguïté des lieux aidant, ils avaient dû hisser la bière à la verticale, à la façon d’un mât de bateau, pour la faire passer par la nasse de la porte. Pas très orthodoxe, mais à la guerre comme à la guerre ! Mortel, ce petit couloir étriqué, se terminant en un sévère coude qui ne transigeait pas avec le respect dû à une défunte… Durant un temps, les employés des pompes funèbres avaient pensé sortir le cercueil par la fenêtre, mais l’échafaudage du ravalement dressé tels les barreaux d’une prison, avait rapidement tué cette idée. Assurément, cela aurait pu être une belle sortie pour la brave A…., qui tous les matins, dès que le jour pointait dans le ciel, y agitait son chiffon à la façon d’un oriflamme, comme si la copropriété attendait ce signal pour s’ouvrir de nouveau à la vie. La native de Lisbonne avait échoué à Paris, au seuil de sa trentaine ; comme elle le disait avec une pointe d’accent : « j’ai quitté le Tage pour six étages ! » Chacun des résidents récompensait d’un sourire sa plaisanterie préférée, même si elle avait tendance à en abuser ; A mettait tellement d’énergie et de joie de vivre dans la « copropriété des O… » qu’ils lui pardonnaient son humour un peu lourd, à l’instar de sa démarche devenue moins assurée avec l’âge. Elle était l’âme des « O… ». Nul habitant n’avait le souvenir d’avoir connu d’autre officiante dans la loge. Elle était la vestale de la résidence, la préservant bec et ongle des fâcheux de tous poils tentant de s’attaquer à sa quiétude – certains matous et autres durs à la petite semaine se souvenaient encore avec émotion, de son coup de balai qui, s’il savait rendre étincelante la propreté des parties communes, était tout aussi habile à chasser les importuns. Pour A…, poussière et enquiquineurs : même combat ! La lutte d’une vie ! Les occupants des quatorze appartements étaient sa famille ! Elle les aimait comme le mari qui l’avait quittée… il y a cinq ans déjà, emporté par un cancer du poumon, et les enfants qu’elle n’avait connus qu’en rêve ! C’était cela, A…, un cœur en or et sur la main, et une gentillesse qui n’était battue en brèche que par son affection affirmée pour la cuisine Lisboète dont elle se faisait un plaisir à régaler sa petite « tribu », le jour de la « fête des voisins »…
Mais ce matin de mars, la grande timonière des O… n’était plus et sortait de l’écrin de sa loge par la petite porte, debout dans sa caisse de sapin. Sitôt le seuil franchi, les deux employés des pompes funèbres redonnèrent à feu la concierge, une position horizontale. Puis le petit cortège funèbre s’engagea dans la cour où, regroupés dans leur chagrin, les copropriétaires rendaient un dernier hommage à celle qui avait su, vingt-cinq ans durant, insuffler la douceur qui baignait la résidence en y incarnant la gentillesse personnifiée. Au même moment, une couronne d’oiseaux se forma au-dessus d’eux, comme pour accueillir la belle âme qui n’allait pas tarder à rejoindre les cieux.
Un mois et demi et trois corps d’état plus tard, l’immeuble comptait une famille de plus. La foncière possédant l’immeuble avait eu la riche idée de transformer la loge en un appartement supplémentaire ; les électriciens, les peintres et les plombiers avaient transformé l’antique repaire de la gardienne en un deux-pièces qui avait rapidement trouvé acquéreur. Dans le 15e arrondissement, à quelques encablures de la Seine, les logements partaient comme des petits pains ! Les administrateurs s’étaient frottés les mains, le toilettage de l’ensemble ne constituant qu’une goutte d’eau du beau bénéfice retiré. Les « anciens » des « O… » n’avaient pas vu d’un mauvais œil ce changement ; les nouveaux venus étaient discrets et ne mettaient pas à mal la quiétude de la copropriété. Deux mois après leur installation, très peu avaient eu l’occasion d’entrevoir le couple qui y avait élu domicile, et encore plus rares étaient ceux qui avaient pu s’entretenir avec eux ou échanger avec la jeune femme, laquelle, à moins d’être une mangeuse compulsive, semblait porter la promesse, qu’un jour prochain, un « oisillon » éclorait dans l’ancienne loge d’A…. Un autre événement passa pratiquement inaperçu : le local du dernier étage, sous les toits, ancienne remise servant de réserve à la gardienne pour les produits d’entretien, avait été aménagée en un logement ; décrit comme « studio coquet » dans l’annonce, en d’autres temps on l’aurait qualifié plus prosaïquement de « chambre de bonne »… Une jeune étudiante en mathématiques, V…, originaire de Bulgarie, en était devenue locataire.
En dehors de ces nouveaux arrivants, on ne peut plus opposés dans la mesure où ils étaient localisés aux deux points les plus extrêmes de l’immeuble, rien de notable à signaler. Le calme régnait toujours en maître dans les étages, rien n’avait changé… Une chose toutefois : on n’entendait plus le grand rire d’A… à la porte de sa loge, avec toujours une attention aimable ou une bonne histoire à raconter en guise de mot d’accueil aux « drôles d’oiseaux » (c’est le petit nom qu’elle avait donné aux résidents !) qui regagnaient leur « nid » ; le soir, à l’issue d’une journée de labeur, c’était devenu une sorte de petit rituel, la gardienne distribuait à chaque nouveau « rentrant » un petit mot gentil, lequel en profitait pour discuter quelques minutes, et le suivant qui revenait du travail se joignait alors à eux. Depuis son départ pour d’autres cieux, ces moments où l’on parlait de tout et de ces petits riens qui font la convivialité, avaient disparu, et dès lors, une fois la porte d’immeuble franchie, chacun rejoignait son logement pour se calfeutrer dans son petit quant-à-soi égoïste. À part cela, la résidence était bien entretenue, il n’y avait rien à redire. Le nettoyage des parties communes était à présent assuré, aux aurores, par la société spécialisée « A… H… », deux fois la semaine ; les résidents matinaux auraient bien été incapables de reconnaître les employés revêtus d’une combinaison et d’un masque d’une blancheur clinique, lesquels d’ailleurs n’étaient jamais les mêmes. Un esprit chagrin aurait pu faire remarquer que les cuivres de la porte d’entrée étaient moins rutilants, que l’escalier n’était plus parfumé, que les pots à chaque étage avaient troqué leur bouquet contre des parapluies – A… mettait un point d’honneur à ramener des fleurs du marché dont elle décorait l’escalier comme si c’était sien. Un Sherlock Holmes en herbe aurait pu également remarquer que, progressivement, des araignées s’étaient infiltrées pour y monter une filature clandestine dans quelques encoignures reculées, et que des chats indisciplinés en profitaient désormais pour doter la cour d’entrée de moulages artisanaux qui restaient exposés plusieurs jours avant que les « A… H… » n’accomplissent leur numéro de magiciens de la propreté. Mais à part cela, tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. « Les Oiseaux » étaient calmes… dramatiquement calmes pour « Mémé B… ; avec le départ d’A…, la vieille dame du 4e avait perdu sa meilleure partenaire de discussion, et une fois la semaine, la folle partie de rami, en fin de soirée, qui se terminait invariablement par un petit verre de porto dont A… lui ramenait chaque rentrée de septembre, deux bouteilles du pays, après un séjour estival chez les siens ; en échange, la nonagénaire concoctait un gâteau de sa Bretagne natale. Chacune oubliait alors, l’espace de deux heures, quelques fois plus, son veuvage et son cortège de fantômes qui les hantaient la nuit venue. Dorénavant, Mémé B… devait se rendre à la pharmacie y faire le plein du traitement auquel son médecin l’avait abonné ; auparavant, A… lui rendait ce petit service, qui donnait toujours lieu à un petit verre et l’occasion de retrouver, chez l’autre, un semblant de famille. La Lisboète lui faisait également ses courses. Depuis, la retraitée du 4e se faisait livrer moyennant un supplément ; le petit apprenti était bien gentil, mais une fois l’argent récupéré, il filait vers une autre cliente ; elle savait à peine comment il se prénommait, au bout de trois mois de bons et loyaux services. Et puis un jour, en revenant de porter sa commande chez l’épicier, Mémé B… tomba dans l’escalier. Comme les nettoyeurs « A… H… » étaient intervenus la veille – ne repassant que dans trois jours – et qu’on se trouvait en plein « pont » de l’Ascension, que d’aucuns transformaient en « viaduc », la résidence était vide… La vieille dame resta sur le carreau dix heures durant à se morfondre de douleurs autant que d’angoisses, croyant sa dernière heure arrivée… Elle en était à son cinq millième Ave Maria récité dans sa tête, lorsqu’un petit miracle se produisit… Soudain, un bruit retentit des profondeurs. Mémé B… reprit espoir. Et en cherchant à se redresser, arracha à ses entrailles un cri de douleur qui fit écho dans tout l’escalier. Des bruits résonnèrent ; on montait les marches ! Subitement, la vieille dame vira à la couleur du marbre de l’entrée. Et si on venait pour la violenter ? Lui faire du mal !… Ou pire encore… On en entendait tellement sur les chaînes d’info – son unique famille : pratiquement les seules voix qu’elle entendait ; parfois, la vieille dame parlait à l’écran, feignant de croire que la journaliste, en face d’elle, dans la petite lucarne, lui « répondait »… Les pas de l’inconnu(e) dans l’escalier se précisaient. Ils étaient tellement sonores que la vieille dame se demanda s’ils n’étaient pas deux ? Une bande ? Venue pour… lui faire son affaire !
– Ma pauvre ! Surtout ne bougez pas. Vous risqueriez d’aggraver la situation.
V… composa sur son portable le numéro des pompiers. Cinq minutes plus tard, elle était assise dans l’ambulance, à côté de Mémé B…, comme elle l’aurait fait avec sa grand-mère restée en Bulgarie, et qui lui ressemblait un peu. Un mois et demi durant, l’étudiante étrangère, dès qu’elle avait un moment disponible, rendit visite à Mémé B… à l’hôpital ; ce furent ses seules visites. La nonagénaire lui parla – elle n’avait personne d’autre… – et bientôt, elle s’attacha à elle comme si celle-ci avait été sa petite fille – elle n’avait pas revue depuis quatre ans la sienne exilée dans un ranch, au Mexique. De simple visite de quelqu’un venant prendre de ses nouvelles, Mémé B… finit par guetter ses venues comme on le fait envers quelqu’un auquel un attachement vous lie ; de son côté, V… aimait bien sa « mamie française » ! Au bout d’une semaine, la retraitée lui confia ses clés, et l’étudiante, en plus des visites quasi-quotidiennes à la malade, de ses cours, de ses devoirs à rendre, de ses travaux en sous-groupe, de ses examens et d’un semblant de jogging devenu une peau de chagrin parmi son emploi du temps, passa deux fois la semaine dans l’appartement de la nonagénaire arroser ses fleurs.
Un jour, en sortant de chez elle, V… aperçut, son voisin du dessous en train de descendre sa poubelle. Le vieux monsieur marchant sur son lacet trébucha lourdement et son sac se répandit au sol. Une cinquantaine de boites de conserve formèrent bientôt un tapis ferblanté. Malgré l’heure de son amphi qui approchait, V… se baissa pour l’aider.
– Ne vous occupez pas d’un vieux maladroit, sourit-il sous une petite moustache blanche un peu ridicule, à la façon d’une tâche de lait qu’il aurait omis d’essuyer à l’issue de son petit-déjeuner.
– Je vous en prie. On est voisins, quand même ! Mais pourquoi toutes ces conserves ?
– J’ai du mal à me déplacer et n’arrive plus à aller aux halles pour des légumes et des fruits frais… Pourtant j’aimais ça, j’étais cuisinier, un bon… dit-il nostalgique. Alors, je me fais livrer des boîtes…
Le lendemain, avant d’aller en cours, V… se leva plus tôt et se rendit au marché. Vu l’heure matinale, elle n’osa pas sonner et déposa un cageot empli de belles tomates, de courgettes, de poivrons et de poires devant la porte de l’ancien maitre-queue. Le soir même, C… la guetta ; comme il ne savait pas à quelle heure la jeune fille rentrerait, il s’installa devant sa porte sur un pliant de camping et sacrifia à son péché mignon des mots-croisés pour tuer le temps.
– Vous voilà ! Cela fait longtemps qu’une femme ne m’avait pas fait attendre ! la taquina-t-il.
– Excusez-moi, répondit V…, surpris de trouver son voisin sur le palier, qui plus est endimanché ; elle ne l’avait aperçu que dans une antique robe de chambre. Vous vouliez me dire quelque chose ?
– Un grand Merci !!! dit-il en l’agrippant de force et en lui appliquant deux baisers sur les joues.
– Ce n’est rien, je vous assure.
– Il faut me dire combien je vous dois ?
– Je ne me souviens pas, mentit-elle. Je vous l’offre.
– Eh quoi encore ? Pour que tout l’immeuble croit que je me fais entretenir ! D’autant que comme vous me semblez venir de l’étranger, vous ne devez pas être très argentée !
– J’ai une petite bourse d’études, avoua-t-elle. Je dois faire attention… mais ça va.
– Allez, pas d’histoire. Venez à l’intérieur, je vais vous régler.
V… avança. À peine eut-elle pénétré dans l’antre du vieux cuisinier que celui-ci ferma la porte à clef ! L’étudiante le regarda inquiet. Dévoilant un charmant sourire, il la rassura et l’invita à passer dans la pièce principale. Eblouie, V… y découvrit une table dressée avec une nappe blanche sur laquelle étaient disposés de belles assiettes et des couverts aux tons argentés – à défaut de l’être. V… se régala. L’ancien cuistot avait mis les petits plats dans les grands pour concocter le meilleur dîner auquel la jeune femme ait jamais goûté. Leur tête-à-tête dura trois longues heures. C… lui narra ses années passées à œuvrer dans quelques-unes des meilleures tables de la capitale ; ensuite, une pointe de nostalgie dans la voix, V… raconta sa Bulgarie natale qui lui manquait… et où elle ne revenait qu’une fois l’an, n’ayant pas les fonds pour financer plus de dépenses de transport. Au moment de se quitter, C… lui avoua qu’il avait fermé à clef derrière elle, de peur qu’elle refuse de rester dîner !
Lorsqu’elle revint de l’hôpital, pour remercier V…, Mémé B… l’invita à dîner. Décidément, la jeune Bulgare ne connaissait guère de temps mort après l’université et avait un planning de soirées presque aussi rempli que le carnet de bal d’une princesse ! Mais elle s’arrangea, utilisa tous ses temps morts. Pour elle, il était aussi important d’honorer les invitations de ses gentils voisins que de partager du temps avec ce qui commençait à constituer une sorte de « famille de substitution ». La deuxième fois qu’elle retourna chez Mémé B…, c’est elle qui fit la cuisine, elle y tenait. Elle lui fit découvrir le tarator (soupe froide traditionnelle) et des poivrons farcis. La vieille dame était aux anges. Et demanda à V… de lui faire le plaisir d’un autre dîner. La jeune Bulgare accepta. Après avoir fait mijoté son frichti la veille, entre un devoir à rendre et un partiel à préparer, elle descendit avec ses gamelles chez sa nouvelle amie. En ouvrant, elle eut la surprise d’y découvrir également C… ! Le matin, la vieille dame arrêtée dans l’escalier pour ralentir son cœur capricieux, y avait croisé le cuisinier qui descendait, également en proie à la fatigue dès qu’il faisait des efforts. Et de fil en aiguille, l’une dit « heureusement que la jeune locataire du septième m’aide à faire les courses » qui trouva en écho « ah bon ? Moi, elle m’apporte des légumes du marché ! ». Avant de conclure de concert, dans un beau duo à la synchronicité parfaite : « C’est une perle, V… ! ». La vieille dame avait alors proposé à C… de se joindre à eux, le soir-même. Pour la seconde fois depuis longtemps, l’ancien cuistot avait revêtu son habit de fête après avoir pris soin d’enlever les boules de naphtalines des poches. En l’apercevant, V…, eut un moment de surprise, un sourire, puis la stupeur s’empara d’elle lorsqu’elle comprit que Mémé B…, dans le plus grand secret, l’avait invité à partager leur dîner.
– Mais je n’ai préparé que pour deux… s’excusa l’étudiante.
– Quand il y a en a pour deux, il y en a pour trois… c’est bien connu ! s’esclaffa le vieux bonhomme. Pas besoin de faire des études pour savoir cela !
– Je ne peux pas cuisiner pour quelqu’un dont c’était le métier ! tenta V… en ultime argument.
– Cela a intérêt d’être à la hauteur ! s’amusa C… qui rappela son grand-père à l’étudiante : même sourire, malice identique dans le regard.
Une heure plus tard, V… concluait ses spécialités bulgares par du rakya (eau de vie que son père fabriquait au pays). Avant de lui décerner « un 10 sur 10 pour l’ensemble de son œuvre culinaire », l’ancien cuisinier demanda de bisser la boisson alcoolisée (« C’est un petit verre… on n’a pas le temps de sentir le goût du fruit… » justifia-t-il, la prunelle en feu). Les trois nouveaux amis prirent l’habitude de se réunir une à deux fois le mois, chez l’un ou chez l’autre des résidents « historiques » des « Oiseaux » ; la chambre de V…. était trop petite pour faire l’affaire.
Un autre jour, V… aperçut une femme en pleurs près des boites à lettres. Elle la réconforta. Apprenant qu’un colis très important arriverait le lendemain et que la résidente était désespérée car elle avait un rendez-vous en province, la jeune Bulgare lui proposa de s’en charger à sa place.
Un soir, V… entendit toquer à sa porte. Personne ne venait jamais la voir et les travaux dirigés de la faculté se déroulaient toujours chez une de ses camarades disposant de plus de place. C’était la voisine de palier et amie de la locataire pour laquelle l’étudiante avait réceptionné le paquet. Elle venait demander à V… si elle pourrait donner des cours de soutien à son fils aussi hermétique aux mathématiques qu’un séminariste aux joies de la chair… moyennant rémunération, bien entendu !
Les jours passant, il n’eut bientôt plus aucun occupant de l’immeuble pour lequel V… n’ait pas, d’une façon ou d’une autre, rendu quelque service, à titre gracieux, la plupart du temps.
Le 14 février, elle permit au jeune couple du rez-de-chaussée habitant l’ancien repaire de la gardienne, de passer une soirée en amoureux, en s’occupant de la garde de leur bébé.
Et pour la Fête des Voisins » – contrairement à l’édition précédente où avec la défection d’A…, « Les Oiseaux » avaient brillé par leur absence à ce rendez-vous annuel de la convivialité –, V… proposa de préparer des spécialités bulgares aidé par l’ancien chef cuisinier devenu, pour l’occasion, son « arpète » de luxe. Grâce à cette initiative, après autant de mois à s’ignorer les uns les autres que l’ancienne gardienne avait rejoint sa dernière demeure, les résidents retrouvèrent le plaisir d’être ensemble ; pas qu’ils ne s’aimaient plus, mais pris dans la routine de l’existence et A…, la « grande animatrice » n’officiant plus, chacun avait laissé l’égoïsme reprendre le dessus, ne pensant le soir venu qu’à retrouver le confort de sa petite vie. Ils se redécouvrirent, et les jours suivants se reparlèrent.
Un soir, une petite délégation se rendit au dernier étage. Entendant frapper à sa porte, V… enfila un gilet en vitesse. Qui pouvait venir la voir ? Elle pensa aussitôt à C… ou Mémé B…. Peut-être l’un d’eux était malade et avait besoin d’elle ! Elle avait son partiel à préparer, mais tant pis, elle irait à la pharmacie de garde ! Elle dormirait moins cette nuit… en espérant que le sujet du demain tomberait sur un chapitre qu’elle aurait révisé ! Effectivement, c’était Mémé B… mais aussi C… qu’elle aperçut ensuite… et également tout un tas de personnes ! Jamais le petit couloir n’avait connu autant de monde à la fois ! Que lui voulait-on ?… Et soudain, elle comprit ! Elle apprenait mieux en marchant, y compris à une heure avancée de la nuit. Elle devait les déranger, et ils étaient venus en délégation lui intimer de partir ! Qu’allait-elle devenir ? Elle était à un mois de l’examen final !…
– Je suis désolée, s’excusa-t-elle. Promis, je ne le referai pas. Je…
– Au contraire, nous voulons que vous continuez ! s’emporta C…, rouge comme une tomate.
Et avant qu’elle comprenne, tout le monde l’entoura et Mémé B… lui tendit une enveloppe.
– C’est de la part de tous !
Interdite, V… ouvrit et découvrit une petite liasse de billets !
– Ce n’est pas grand-chose, mais cela devrait vous permettre d’aller cet été en Bulgarie, dans votre famille. On s’est tous cotisés. Avec ce que vous faites pour chacun d’entre nous, c’est bien normal !
– Je suis désolé… je ne peux pas vous faire entrer tous pour vous offrir un peu de rakya !
– Il est bon pourtant ! s’exclama C… sous le regard courroucé de Mémé B….
– Vous ne tiendriez pas en totalité… et en plus, je n’ai que trois verres, dont un ébréché…
De ce jour, les résidents prirent l’habitude de se retrouver pour un grand repas chez l’un, chez l’autre, chaque bimestre ; certains apportaient des plats, d’autres la boisson, des chaises, des couverts. Lorsque l’appartement était trop petit, on laissait les portes ouvertes des appartements se faisant face et on installait aussi une table sur le pallier ! Ces soirs là étaient réservés aux « drôles d’oiseaux » et pas question de les déranger ; on prenait soin de fermer à double tour la porte d’entrée en bas.
Émue de leur gentillesse, V… chercha encore plus à rendre service aux personnes seules, malades, aux plus âgées, aux jeunes couples ayant besoin d’une baby-sitter pour leur permettre, l’espace d’une soirée, de retrouver un peu d’intimité dans un petit restaurant ou une séance de cinéma. Bien qu’elle commença par refuser, les résidents lui donnèrent un peu d’argent pour son rôle de « gardienne des oiseaux ». Ils avaient trouvé une perle… et elle, une seconde famille !
Remuée au plus profond d’elle-même, elle réfléchit comment remercier tous les résidents de leur générosité. Au cours d’un dîner mensuel, elle leur fit part de résolutions, lesquelles furent votées à l’unanimité ! Parmi celles-ci, la création d’une AGE trimestrielle : ces Assemblées Générales d’Entraide étaient destinées à repérer les résidents qui se trouvaient confrontés à des contraintes ou besoins et à envisager, en miroir, comment leurs voisins pourraient les aider ; cela pouvait aller du lycéen du second qui avait besoin d’être remis en selle en géométrie, au petit couple du troisième désireux d’installer des étagères dans un mur en béton et ne disposant pas d’une percussion à sa perceuse, ou d’une personne alitée qui avait besoin que quelqu’un lui apporte courses et médicaments. Des Indics de copropriété furent également nommés pour repérer les « drôles d’oiseaux » en situation délicate. Pour matérialiser la bonne humeur qui régnait dans la résidence, V…, s’autorisa à transformer les antiques petites plaques « Gaz à tous les étages » en « Ça gaze à tous les étages ! » !
Le bruit strident du réveil déchira le petit matin. G…. l’arrêta d’un geste rageur. Il referma les yeux pour prolonger son songe. Il ne voulait pas en perdre une goutte, le savourer jusqu’à sa dernière gorgée de bonheur ! Cela le changeait des cauchemars horribles où il combattait des robots armés de mitraillettes, était poursuivi par des hordes d’animaux aussi fantastiques que dangereux ! Puis il se leva, se passa longuement de l’eau sur le visage tout en réfléchissant. Et prit alors une décision, une de celles qui change à jamais votre existence et vous forge dans un métal différent des autres : celui d’une personnalité forte vous poussant irrésistiblement à aller jusqu’au bout de vos rêves et à porter ceux-ci sur les fonts baptismaux de la réussite ! Ce n’est pas lorsqu’il serait vieux et bedonnant qu’il serait temps de regretter de n’avoir pas su sauter le pas ! S’emparant de son téléphone, il appela la DRH de l’Administrateur de Biens chez lequel il avait un troisième entretien d’embauche ; celui-ci ne devant être qu’une formalité avant de lui faire signer son contrat. G…. lui signifia finalement ne pas postuler à l’annonce… et crut entendre un hoquet à l’autre bout du fil ! Le soir-même, le jeune homme demanderait à ses parents de lui prêter de quoi louer un local, acheter un ordinateur et une imprimante d’occasion. Puis il se rendrait à la préfecture y déposer les statuts de sa start-up. Son projet était de créer une structure qui aiderait les résidents à mieux vivre entre eux. À la rubrique « secteur d’activité » du formulaire, il indiquerait « Syndic de Convivialité » ! Quant à la dénomination, pas d’hésitation : « la Société des Oiseaux » !

Par OLIVIER D.