Relations de voisinage

Le bricoleur du samedi matin

Il y a quelques années en tant que copropriétaire, j’ai assisté à un spectacle hebdomadaire qui mêlait immersion sonore et absurdité. Chaque samedi matin à 7h précises, un voisin lançait l’opération « Bricolage du siècle », armé de sa perceuse survoltée, marteau et scie sauteuse. Mais ce qui rendait le tout irrésistible, c’était son enthousiasme sans borne et ses petites phrases lancées à travers la cloison.

Il criait gaiement comme s’il animait un show télé. Au départ, on pouvait presque rire en l’écoutant vanter ses talents de bricoleur-maison. Mais après trois ou quatre samedis, l’amusement a laissé place à l’agacement général : réveils forcés, impossibilité de se reposer, enfants déboussolés…

Plusieurs voisins lui ont rendu visite pour lui demander de baisser le volume ou de commencer un peu plus tard. Lui, imperturbable, répondait en rigolant : « Le silence, c’est pour les faibles ! » ou bien « La créativité ne dort jamais, madame ! » avec un clin d’œil. Un samedi, notre bricoleur a placé fièrement un panneau sur sa porte : « Chantier bruyant entre 7h et 13h, merci de votre compréhension ». Sa bonne humeur contrastait tellement avec la mine fatiguée et les regards noirs qu’il est devenu malgré lui la star… du gringalet casse-pieds.

Finalement, le syndic a dû intervenir et convoquer une réunion exceptionnelle. Là, avec un mélange de patience et de fermeté, il a fallu faire comprendre à notre « roi du bricolage » que sa créativité audible avait ses limites. Les horaires légaux de bricolage ne sont pas négociables, même pour un artiste du marteau convaincu.

Depuis cet épisode, le calme est revenu les samedis matins, mais l’immeuble à gardé en mémoire cette version bruyante du week-end qui, malgré tout, a réussi à souder les voisins autour d’un même sujet, car en copropriété, il faut parfois du bruit et de la patience pour bâtir une vraie vie commune.

Par JESSICA L.